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Problématique et perspectives de la jeunesse en Algérie

mardi 18 mai 2004, par Hassiba

En Algérie, cette situation dramatique a permis l’explosion d’octobre 1988 et bien avant les événements de Kabylie en 1980.

Pour mieux comprendre - ils nous a apparu nécessaire sinon indispensable de rechercher les causalités de ces mécontentements , et , de les analyser d’une manière succincte et objective.

Avant de rentrer dans les détails nous voulons à travers ce modeste article apporter la lumière sur les tenants et aboutissants de la problématique de la jeunesse avec une vision réaliste et franche. Il n’est certes pas facile d’aborder les multiples contraintes inhérentes aux jeunes minés par de nombreux facteurs socio-économiques , et culturels.

L’essentiel pour nous est de contribuer à la protection des jeunes en leur donnant les moyens pour s’organiser et s’épanouir dans un climat de convivialité. Notre action s’inscrit dans un cadre républicain pour la sauvegarde de la population juvénile , tout en proposant des actions concrètes et simples . Les événements de 1980 et 1988 auraient du être un signal fort pour les décideurs de l’époque . le message était on ne peu plus clair car le malaise social avait atteint son paroxysme .
Le cri de rage de la jeunesse , son ras bol étaient le plus souvent des signes révélateurs pour que l’Etat initie une Politique urgente en faveur des jeunes , basée sur le droit , l’égalité des chances de tout un chacun en matière d’emploi , de logement , d’éducation ,de formation ainsi que l’accès à la culture et aux activités scientifiques et de loisirs. Dans son bulletin du 01 janvier 2001 l’Office National des Statistiques (ONS) indique que sur une population globale de 30,61 Millions d’habitants les jeunes de 30 ans représentent un taux de 58% soit 19.439.398 jeunes .

Il serait aberrant d’ignorer ce potentiel humain qui a une soif inassouvie d’apprendre , de se cultiver , d’espérer , de travailler afin de participer pleinement au développement de son pays. Cette volonté de vouloir acquérir la connaissance , de se sentir pris en charge aurait du inciter l’ensemble des décideurs politiques à prendre les devants.

Par ailleurs toutes les politiques par le passé ont préféré le développement des richesses naturelles rentables au détriment de la richesse humaine génératrice et créatrice de moyens à même de contribuer à l’essor de la nation. Le temps nous est compté , il faut agir vite pour prendre des mesures radicales et rapides en concertation avec l’ensemble de la société civile , les institutions de l’état , le mouvement associatif , pour parvenir à trouver les moyens adéquats aux fins de juguler la crise socio-économique et culturelle qui se profile à l’horizon .
La tâche s’avère rude mais pas impossible car il y a un choix à faire.

Les différentes contestations enregistrées ici et là des signes probants pour que la jeunesse risque à n’importe quel instant de sortir dans la rue avec tous les risques que cela comporte.
La population juvénile est confrontée à de nombreux facteurs sociaux ( liste non exhaustive ).

 Le chômage
 L’éclatement de la cellule familiale
 La dégradation du pouvoir d’achat
 L’inadaptation et l’inadéquation de l’éducation
 La Mal vie
 La perte du repère identitaire et culturel
 L’imitation d’une pseudo culture occidentale agressive
 L’absence d’une politique de prise en charge adaptée sur le plan éducationnel, culturel et loisirs
 Absence totale d’une solidarité nationale pour la jeunesse
 Les déperditions scolaires
 L’analphabétisme chronique .
 Les effets du terrorisme et ses conséquences

La souffrance des Jeunes en Algérie apparaît comme un révélateur et un amplificateur de la souffrance de la société , la majorité des Jeunes ne fait pas confiance à nos institutions . Les Acteurs sociaux doivent intrinsèquement renforcer la vigilance pour mieux mobiliser leur compétence en matière de prise en charge de la population juvénile.
Bien sûr l’éducation est la condition première de la prévention de la Délinquance. Nous devons éduquer avant d’être obligé de réparer. Apaiser les conflits de la vie quotidienne en retissant les mailles de la société aider au dialogue, faire comprendre à chacun le point de vue de l’autre , constituent autant de prévention à part entière.
De nombreux Jeunes ne croient pas au discours politique et de l’égalité des chances car :
 Le sentiment d’injustice s’est étendu , hélas au-delà des rapports individuels. Il concerne l’ensemble des institutions publiques.
 Parce que bon nombre de jeunes traînant une mauvaise réputation qui alimente les a priori.

Toutes ces situations sont vécues comme l’expression de l’arbitraire du plus fort et non comme l’application du principe d’égalité devant le service publique.
La mauvaise qualité des relations entre Population et Institutions affecte les jeunes et c’est à ce moment là que débute la logique de l’affrontement.
Ce constat ne doit en aucun cas décourager , mais au contraire nous mobiliser.

Il faut dés présent agir pour relier à la collectivité cette partie de la population qu’est la jeunesse et qui part à la dérive , dans l’oubli.
Il faut redonner confiance de part et d’autre et établir les conditions d’un dialogue constructeur.
Pour débloquer cette situation conflictuelle il nous faut rendre crédible la parole des jeunes aux yeux des administrations . Il ne s’agit pas de prendre pour argent comptant toutes les récriminations , mais de faciliter dans les situations de conflits l’expression de jeune face aux institutions.

Une douloureuse interrogation est posée à notre société par ailleurs riche , sensible et compassionnelle , pour la première fois , s’est constituée un age nouveau : celui de la Jeunesse . Auparavant , on passait directement de l’enfance à l’âge adulte . et aujourd’hui , alors que les jeunes sont de plus en plus précocement matures , que la société valorise sans cesse cet age nouveau, la jeunesse constitue la partie de la population la plus pauvre, la plus précaire, la plus dépendante. Celle qui s’appauvrit, se précarise et "S’ASSISTANISE " le plus rapidement, le plus massivement.

Placé en insécurité structurelle, la jeunesse algérienne se voit même désigne comme facture principale de l’insécurité des biens et des personnes , avec toute une suite d’éléments concrets (notamment précocité des phénomènes de violence, de délinquance et d’incivilité) pouvant déboucher sur des politiques normatives et préventives au détriment de politiques réellement modernisées, réellement respectueuse de la jeunesse.

La jeunesse se voit soumise à une double contrainte , paradoxale , de prise de risques exagérées ( y compris de conduites illégales) et en même temps faute de sécurité , à une prudence ( un refus du risque) qui conduira au renoncement des besoins , des désires , des souhaits , avec le gâchis que ses manques induiront.
La Jeunesse est une période a vivre au présent en tant que telle . Il ne s’agit pas d’un simple passage , mais comme pour tous les ages , d’une période de vie a part entière.

On ne peut donc voir la jeunesse uniquement sous l’angle de son avenir comme un mauvais et court moment à passer . C’est de son présent dont il s’agit de possibilité de " jouir de sa jeunesse " , ce qui représente certainement le meilleur investissement d’avenir pour chaque jeune et pour la société elle même (gain de compétence , de qualification , de santé , d’estime de soi).

Il est difficile et délicat de soutenir qu’un jeune ou pré-majeur civilement pourrait être considéré comme un autonome, comme devant accepter d’être à priori lié familialement , économiquement ou éducativement . Cette liaison pourrait être parfois même une condition de survie loin de renforcer le lien social , le déconsidère.
Les phénomènes de dépendances jouant aussi bien contre le jeune que contre la famille. pour pouvoir se lier volontairement , il faut pouvoir être défié de tout ce qui est subi , imposé , sans choix . Il ne s’agit pas seulement d’une question d’argent , de ressources propres , mais de capacité à résister et à échapper aux divers conditionnements , aux manipulations de toutes origines (médias , les politiques , l’économie , les bandes etc...)
Les politiques se doivent de participer a l’insertion des jeunes . L’étude de leurs impacts , leur remise à plat pourraient avoir pour objectif de distinguer ce qui ressort de l’état ou des collectivités locales ( jeunes en grande difficulté, chômage , transport , logement , loisirs).

Les politiques doivent contribuer d’une manière indéniable à une certaine autonomie. il faudrait définir les conditions quantitatives ( le nombre et le niveau des aides, leur ciblage, leur financement ) et qualitatives ( les critères d’attributions ) la reconnaissance des droits propres aux jeunes eux-mêmes qui permettraient de changer d’échelle, d’amorcer le processus conduisant à inverser la tendance à la paupérisation et à l’insécurité structurelle de la jeunesse.

POSSIBILITES :

 Création d’une allocation chômage pour les jeunes . Elle serait d’un apport indéniable . On ne voit pourquoi les jeunes en seraient exclus , tant que l’on n’a pas trouvé de réponse à la question de la précarisation et de l’appauvrissement continu de la jeunesse . Cela vaut mieux que rien.

 Cela devrait faire partie des droits du citoyen . chaque être humain majeur a droit a un revenu minimum, non seulement pour survivre , mais pour être libre , citoyen , auteur / acteur de sa propre vie ( revenu de citoyenneté ) . La société aurait tout a y gagner , en terme d’économie. En plus notre pays jouit à l’heure actuelle d’une aisance financière due principalement a la recette pétrolière et fiscale.

Cela constituerait un premier socle de droits universels L’instauration de ce type de revenu obligerait à redéfinir complètement le socle même des droits et protections de la personne. Une base de droits et de revenus égaux pour tous quels que soient, l’age, le sexe, les risques sanitaires et sociaux. Ce droit a l’allocation chômage jeunes, sans conditions, n’est pas une simple réponse économique -elle est une réponse d’ordre existentiel, laissant a chacun y compris le choix de s’inclure ou non dans des relations marchandes.

L’autonomie se déduit du travail, de l’éducation . Il n’y aurait pas de problème spécifique d’autonomie de la jeunesse si chaque jeune était " normalement inséré " dans le travail et/ou dans des processus d’éducation de formation préparant réellement et finement a l’emploi.
Vivre en sécurité sociale c’est un droit fondamental pour toute personne humaine , quel que soit son age . C’est aussi une garantie pour la société . Seule la jeunesse est dépourvue de ce droit ( qui ne se résume pas à l’assurance maladie obligatoire ) . Un statut social , en droits propres de l’étudiant , du jeunes chômeur loin d’aboutir a l’égalité de tous les ages en matière de droits économiques , sociaux existentiels d’entrer dans le droit commun.

Tous les savoirs concernant la protection sociale démontrent que , pour toutes les catégories d’ages , les personnes ne s’enferment pas dans une vie " aux crochets de la protection sociale " dés qu’elles ont la possibilité , grâce notamment au maintien et au développement des aptitudes physiques , mentales et sociales assurés par cette protection , d’améliorer leur revenu et leur statut socioprofessionnel.

La vraie contre partie au droit est la et non dans un quelconque donnant - donnant contraint . Pourquoi ne pas inventer la sécurité sociale de la jeunesse se substituerait a tous les fonds sociaux et fiscaux qui se cumulent , sans pour autant placer la jeunesse en sécurité sociale.

Il pourrait prendre le même mode que le reste du financement de la protection sociale notamment avec la participation des Entreprises, puisque l’investissement social en direction de la jeunesse et un facteur direct et long de créativité , de productivité pour l’ensemble de la société . la gestion des risques spécifiques de la jeunesse par la jeunesse elle - même serait une garantie d’efficacité , d ‘adéquation des moyens a la l’action préventive tout autant que réparatrice.
Chaque jeune doit avoir le droit de participer à la gestion des institutions qui déterminent sa vie. C’est une condition d’une pleine citoyenneté.

C’est un facteur essentiel de non discrimination et d’insertion. Une branche jeunesse de la sécurité sociale jeunesse permettrait de donner une nouvelle jeunesse à la sécurité sociale en son ensemble , à ses concepts fondamentaux , notamment préventifs et participatifs et permettrait a chaque jeune de cotiser normalement des sa majorité , aux autres branches vieillesse , chômage de la sécurité sociale actuelle.

Par Mohamed El-Ouahed, La Nouvelle République