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Rapport US sur les droits de l’homme en Algérie

jeudi 3 mars 2005, par nassim

Le département d’Etat américain distribue bons et mauvais points à l’Algérie dans son rapport 2004 sur les droits de l’homme.

Comme en 2003, le ministère américain évoque les « insuffisances » du gouvernement et du système judiciaire, revient sur la question des disparus, sur les abus des forces de l’ordre, « en baisse », et la restriction de la liberté d’expression, « en hausse ».

La nouveauté tient, cette année, dans le scrutin présidentiel qui s’est tenu en avril dernier et que le rapport juge « honnête ». « Pour la première fois depuis la fin du système du parti unique (...), un Président a, non seulement, été au bout de son mandat de cinq ans, mais a aussi été réélu au cours d’une élection disputée et transparente, chose encore jamais vue dans le pays (...). Une élection généralement libre et équitable, quoique non sans imperfection », précisent les auteurs du rapport se référant aux conclusions de l’observateur de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). « Même si les candidats de l’opposition ont eu accès aux médias étatiques durant les trois semaines de campagne officielle, ils se sont systématiquement vu refuser cet accès avant et après les élections. En outre, la possibilité pour le Président en place d’utiliser les largesses de l’Etat dans des projets gouvernementaux, dans toutes les wilayas, afin d’engranger un soutien politique huit mois avant l’élection, a créé une campagne inéquitable », est-il relevé. Pour le département d’Etat américain, l’Armée est restée neutre durant les élections. « Avec l’amélioration de la paix civile et la réélection du Président, la tendance va vers plus de contrôle civil, la réduction du rôle de l’Armée dans la prise de décision quotidienne et sa concentration sur sa modernisation et sa professionnalisation », est-il noté. La diplomatie américaine déplore que le gouvernement ne permette « pas l’accès (à ses) informations » et que la « corruption (dans ses) branches exécutives et législatives continue d’être un problème sérieux ».

Les rapporteurs américains reviennent largement sur la question des disparus ainsi que sur les actes de torture et d’élimination physique. « Au cours de l’année, il n’y a pas eu de rapport de disparitions motivées par des raisons politiques », expliquent-ils, mais pratiquement toutes les disparitions de la décennie précédente « restent irrésolues ». Ils regrettent ainsi que le « mécanisme sur les disparus », dirigé par Farouk Ksentini, ne consulte plus les ONG, qui critiquent elles-mêmes l’organe pour son inefficacité. Le rapport revient sur les déclarations faites par le président Bouteflika, en février 2004, selon lesquelles « l’Etat doit reconnaître ses responsabilités » sur cette question. S’il n’y a pas eu d’« assassinat politiquement motivé perpétré par le gouvernement ou ses agents », « aucune action disciplinaire n’a été engagée en ce qui concerne les affrontements entre gendarmes et manifestants d’avril 2001, où des centaines de personnes furent tuées », poursuit le document. Et « si les défenseurs des droits de l’homme ont indiqué que le nombre et la sévérité des actes de torture sont en déclin - en partie grâce à un meilleur entraînement des forces de sécurité et aux méthodes alternatives de renseignement -, ils maintiennent que la torture est pratiquée dans les prisons militaires, plus fréquemment contre les prisonniers arrêtés pour motifs sécuritaires ».

La diplomatie américaine déplore, d’autre part, que les autorités abusent des détentions préventives d’autant plus que le judiciaire n’est pas indépendant, en pratique, en raison des « décrets et (de) l’influence de l’Exécutif (ainsi que de) l’interférence du ministère de l’Intérieur ». La liberté d’expression tient également une place de choix dans le rapport américain. « Le gouvernement a sensiblement intensifié les restrictions sur la liberté d’expression et de presse, en usant de lois sur la diffamation pour harceler et arrêter les journalistes », indique le document. « La fermeture de deux journaux pour dette envers l’imprimerie publique et la concession du monopole sur la publicité à une agence publique intimident les journaux et les poussent à pratiquer un certain degré d’autocensure. Même si la presse pouvait - en 2004 - critiquer les imperfections du gouvernement et souligner les problèmes économiques et sociaux, elle faisait face à des répercussions importantes de la part du gouvernement », est-il relevé. Le rapport cite pêle-mêle l’emprisonnement de Mohamed Benchicou et de Hafnaoui Ghoul, les condamnations de Ahmed Benaoum, Ahmed Oukili et Ali Djerri ou encore la fermeture du bureau d’Al Jazeera à Alger. Toujours en matière de liberté d’expression, le département d’Etat estime que « le gouvernement continue de harceler les ONG locales et utilise des barrières bureaucratiques pour gêner le travail des ONG internationales ». Il critique la façon dont le gouvernement se sert de l’état d’urgence pour restreindre la liberté d’association et de réunion.

Saïd Aït Hatrit, elwatan.com