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Remaniement ministériel en Algérie

lundi 2 mai 2005, par nassim

Pour faire avancer ses reformes économiques et créer une nouvelle dynamique en Algérie, le président Bouteflika vient de remanier le gouvernement de Ahmed Ouyahia.

Principale nouveauté,

Nouveau remaniement ministériel en Algérie.

le communiqué de la présidence de la République fait état de la création d’un poste de ministre délégué auprès du ministre de la Défense, confié à Abdelmalek Guenaïzia. Autre changement majeur, la nomination de Mohamed Bedjaoui aux Affaires étrangères. À noter également le retour de Abdelhamid Temmar à la Participation et à la Promotion des investissements, et de Yahia Guidoum à la Jeunesse et aux Sports. Après le premier remaniement intervenu en mai 2004, le chef de l’État a mis fin hier au climat de suspense qui a caractérisé la scène politique, ces derniers jours. À la lecture de la liste, nouvelle version, “revue et corrigée”, du cabinet de Ahmed Ouyahia, il s’agit beaucoup plus d’un jeu de “chaises musicales”. Quelques anciennes “nouvelles” têtes, des permutations, des promotions et des postes vacants.

Même si on n’enregistre pas de changements notables dans l’équipe remaniée, il reste que le communiqué de la présidence de la République appelle à des lectures sur le fond mais aussi sur la forme. L’architecture générale de l’Exécutif a connu quelques ajustements significatifs, comme la nomination d’un ministre délégué auprès du ministre de la Défense, c’est-à-dire, auprès de Bouteflika, portefeuille que détiendra le général major à la retraite Abdelmalek Guenaïzia. Même si la mission qui incombe à cet ancien ambassadeur qui a dirigé la chancellerie algérienne dans la capitale suisse Berne durant plusieurs années, il reste que c’est lui qui conduira la politique de professionnalisation de l’armée.

L’autre changement introduit est incontestablement l’arrivée du président du Conseil constitutionnel, Mohamed Bedjaoui, aux Affaires étrangères, en remplacement de Abdelaziz Belkhadem, héritant d’un ministère d’État, représentant personnel du président de la République. Le même poste occupé par Ouyahia avant sa nomination “surprise”, en mai 2003, à la tête de l’Exécutif. L’arrivée de l’éminent juriste aux Affaires étrangères, ancien ambassadeur à Paris, est un indice sur l’éventuel recentrage de la diplomatie algérienne à laquelle Bouteflika veut donner certainement un nouveau souffle à la mesure des défis qui attendent le pays. Le nouvel homme fort de la diplomatie, connu comme un proche parmi les proches collaborateurs du président de la République, est rompu au travail des organisations internationales et au jeu des “coulisses diplomatiques” et capitalise une expérience importante. Son dernier poste jusque-là est celui de représentant de l’Algérie à l’Unesco. Sa réputation de juriste et surtout de président de la Cour de La Haye sera mise à profit par le chef de l’État pour expliquer, voire convaincre, les partenaires de l’Algérie sur le projet de l’amnistie générale notamment.

L’autre touche apportée à l’équipe de Ouyahia est le départ du “tonitruant” ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, qui laisse encore une fois sa place à son collègue Mourad Medelci qui opère un retour à son ancien poste. Les deux hommes se sont déjà échangé des strapontins, il y a deux ans. Il reste que les deux ministres sont des proches de Bouteflika. Le remaniement d’hier a été une occasion pour le chef de l’État de renforcer son dispositif chargé de la mise en œuvre des réformes en procédant à la nomination de Temmar à la tête du ministère de la Participation et de la Promotion des investissements. Un département qu’il a déjà dirigé en 2000 avant de céder sa place à Boukrouh, qui figure à la faveur de ce changement parmi les sacrifiés. Le retour de Temmar était prévisible et même logique d’autant qu’il a participé à l’élaboration de tous les plans économiques décidés par Bouteflika.

Temmar qui constitue avec Khelil et Benachenhou l’ossature de l’équipe des réformes aura la tâche de conduire l’opération des privatisations. Il remplace ainsi Hamlaoui, considéré comme un proche du Chef du gouvernement. Le partisan du “tout privatisable” revient dans des conditions différentes, plutôt favorables, pour appliquer sa stratégie qu’il n’a pas pu mettre en œuvre en raison de fortes résistances de certains centres de décision durant son premier passage en 2000. La “nouvelle” liste est aussi caractérisée par l’entrée du président du MSP, Bouguerra Soltani comme ministre d’État sans portefeuille tandis que son collègue dans l’alliance, Belkhadem, en l’occurrence, sera ministre d’État, mais aussi représentant personnel du chef de l’État. Ce qui signifie qu’il sera chargé des missions que Bouteflika lui confiera sur le plan national et international. Outre la tâche de restructuration du FLN, Belkhadem reste l’un des hommes-clés dans le dispositif du locataire d’El-Mouradia, notamment en prévision des futures échéances politiques et électorales.

Le président de la République a saisi cette occasion pour resserrer son équipe de main chargée de conduire à bon port les différentes réformes entamées, mais surtout, pour la mise en œuvre du plan quinquennal 2005-2009 tout en concédant quelques concessions aux partis de l’alliance, rajoutant un portefeuille pour chaque formation. C’est ainsi qu’il a été enregistré le retour de Guidoum sur le quota du RND, Moussa pour le FLN et Soltani pour le MSP. Reste deux portefeuilles à pourvoir et qui sont la Communication et la Communauté établie à l’étranger. Dans le registre des partants, il y a Boukrouh, Benachenhou, Kara, Messâadi et Redjimi.

Par Mourad Aït Oufella, liberte-algerie.com