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Sahara Occidental : Rabat provoque Alger

lundi 14 juin 2004, par nassim

Une fois de plus, le royaume alaouite tente d’induire en erreur l’opinion publique internationale, en appelant l’Algérie à négocier au sujet d’un conflit qu’elle considère comme une question de décolonisation.

Pour le chef de la diplomatie marocaine, Mohamed Benaïssa, le conflit du Sahara Occidental est “au fond, un conflit entre le Maroc et l’Algérie, et ne peut être résolu qu’entre ces deux pays frères”.

Fort satisfait de la démission de l’ancien secrétaire d’Etat américain aux affaires étrangères, le Maroc a sauté sur l’occasion dans la perspective de tromper la communauté internationale sur cette question épineuse de décolonisation. Ainsi, le premier geste du royaume chérifien a été d’appeler l’Algérie à la table des négociations, alors que son interlocuteur désigné, le Front Polisario avec lequel il a déjà discuté à Houston (Texas) en 1990, est tout indiqué. C’est dire l’habileté manœuvrière des Marocains qui reviennent à la charge à la moindre occasion dans l’espoir de voir l’Algérie modifier sa position, que d’aucuns jugent de constante. D’ailleurs, en réaction à la démission de James Baker, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental, Alger estime qu’ “il appartient désormais à l’Organisation des Nations unies et à son Conseil de sécurité de maintenir la dynamique créée par le plan de paix et de poursuivre les efforts pour sa mise en œuvre”. Dans sa déclaration officielle, le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères laisse clairement entendre que l’Algérie considère que la solution de ce conflit passe par l’application du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Clair, net et précis !

Bien que connaissant la réponse de l’Algérie à l’avance, car c’est la même qui revient invariablement à chaque fois que sa diplomatie tente de manœuvrer sur la scène internationale, le Maroc ne rate aucune occasion de donner du crédit à ses thèses colonialistes, comme le montre si bien la réaction de Mohamed Benaïssa. Il y a lieu de noter que le ministère marocain des Affaires étrangères a réagi en deux temps à la démission de James Baker. La première fois, l’on s’est contenté dans un communiqué rendu public en milieu de journée, d’exprimer “les regrets du royaume du Maroc” face à la démission de James Baker, tout en soulignant “ses efforts louables” pour parvenir à une solution au conflit du Sahara Occidental. Tard dans la soirée, c’est le ministre en personne qui revient à la charge sur un autre ton. Il est clair, qu’après étude des nouvelles données, il apparaissait qu’il fallait exploiter l’événement à l’avantage. Non seulement, Mohamed Benaïssa l’attribue à l’efficacité de la diplomatie marocaine, mais essaie d’impliquer l’Algérie, qui a de tout temps réaffirmé sa neutralité dans ce conflit. “La démission de M. Baker est le résultat de la ténacité de la diplomatie marocaine et son rejet de certains principes qui portent atteinte à l’intégrité territoriale du Maroc”, a déclaré le chef de la diplomatie marocaine samedi soir.

Il a fallu que le responsable onusien du dossier du Sahara Occidental démissionne de son poste pour que Rabat mette en branle sa machine diplomatique dans le but de pousser l’ONU à s’en dessaisir définitivement. Cela relève de l’utopie parce que l’Organisation des Nations unies, qui traite cette question depuis plus de deux décennies maintenant, ne peut se permettre de faire machine arrière, tant les résolutions du Conseil de sécurité sont nombreuses et soutiennent une solution équitable. Pour rappel, en avril dernier, l’ONU avait soutenu le “plan Baker”, qui préconise une période d’autonomie de cinq ans au Sahara Occidental avant un référendum d’autodétermination sur le sort de cette ancienne colonie espagnole, que Rabat a annexée de force en 1975. La reconnaissance par plus de soixante-dix États de la République arabe sahraouie démocrate (RASD), dont la conséquence est le retrait du Maroc de l’OUA, actuellement Union Africaine, n’a pas empêché le royaume alaouite de persister dans sa fuite en avant. Le soutien que Mohamed VI trouve auprès de certaines anciennes puissances colonisatrices, notamment la France, lui fait croire qu’il peut poursuivre sans conséquences négatives sa politique expansionniste. Il n’a jamais caché ses revendications territoriales vis-à-vis de l’Algérie et de la Mauritanie, dans le cadre de son projet du “Grand Maroc”. Chassez le naturel, il revient au galop.

Abdelkamel K., Liberté