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U.S. Navy contre le GSPC au Tchad

Le rôle des Américains dans l’élimination du groupe de Abderezak El Para

dimanche 14 mars 2004, par Hassiba

Malgré les démentis officiels, il s’avère que les militaires américains ont participé à l’opération antiterroriste contre le groupe du GSPC qui a été intercepté par l’armée tchadienne au Tibesti et qui s’est soldé par l’élimination de 43 salafistes appartenant à cinq pays.

Ce sont des experts militaires américains qui l’ont confié à la « Voix de l’Amérique » (VOA, radio officielle), évoquant un « soutien critique » des forces américaines stationnées dans le Sahel. Selon ces experts faisant partie du Pentagone, le département américain de la Défense, l’armée tchadienne qui a intercepté les 6 véhicules 4x4 pick-up du GSPC a été guidée par un avion de reconnaissance américain de type P-3 Orion, appartenant à l’US Navy, qui a suivi le déplacement du groupe mené par Abderezak El Para depuis le premier accrochage à l’est du Niger jusqu’à la localité de Zouarké, où l’accrochage a eu lieu.

L’apport américain, qui n’a été confirmé que sur la partie du renseignement et des télécommunications, s’est étendu à la reconnaissance du convoi salafiste. C’est cet avion qui a permis aux troupes tchadiennes de cerner efficacement le GSPC, à 80 km à l’intérieur du territoire tchadien, et d’encercler les éléments du groupe dans des grottes avant leur élimination totale.

Le véhicule 4x4 blanc, de type Toyota Station, doté d’une mitrailleuse de 40 mm et dans lequel se trouvait Amari Saïfi, alias Abderezak El Para, a été localisé par l’avion américain dès qu’il a quitté le territoire malien, suivi de cinq autres véhicules. Des photos du véhicule tout-terrain ont été prises, ainsi que de celle de l’émir islamiste à son bord, qui ont donné la certitude au gouvernement de N’djamena que Abderezak El Para dirigeait effectivement ce convoi, selon les experts militaires américains. Ces derniers ont toutefois démenti que des forces US au sol aient participé aux combats contre les salafistes, après qu’une information eut fait état de la présence de 200 éléments des commandos américains, les fameux Navy Seals, dans la zone sahélienne allant du Mali au Tchad, en passant par le Niger.

Le Pentagone attendrait du gouvernement tchadien la confirmation de la mort du »Para » après un assaut qui a duré deux jours à coups d’armes lourdes. Ces experts n’ont pas exclu que des avions de combat américains aient pris part au bombardement des 50 membres du commando salafiste de la katiba « Tarek Ibn Zyad ».

Juste après l’opération du Tibesti, le département d’Etat américain avait déjà félicité le régime d’Idriss Déby à travers le porte-parole officiel de Colin Powell, en l’occurrence Richard Boucher. « C’est la voie que doivent emprunter tous les gouvernements étrangers pour lutter efficacement contre le terrorisme et c’est la seule clef pour battre le terrorisme dans le monde », a-t-il indiqué depuis Washington.

Ces experts précisent que l’opération du Tchad et la manière dont elle a été gérée des côtés américain et africain représente « un grand succès des opérations clandestines US », qui consistent en un apport tactique et logistique aux unités locales qui combattent sur le terrain les terroristes.

C’est la première fois que la Pan-Sahel Initiative, programme concocté par le Pentagone, la CIA et le département d’Etat américain pour assister les armées du Niger, de la Mauritanie, du Mali, du Tchad - et qui sera élargi aux pays du Maghreb -, est entré dans une phase opérationnelle. Les instructeurs américains dépêchés dans le désert subsaharien encadrent des unités d’élite africaines, notamment pour l’intervention antiterroriste.

L’épisode du GSPC, qui était à cheval sur cinq Etats africains, avec les risques de « contamination » islamiste radicale de la sous-région, ainsi qu’avec les risques d’implantation de cellules d’Al-Qaïda, renseigne sur la capacité des Américains à soutenir les armées locales pour briser les réseaux salafistes.

Si les officiels américains ne veulent pas évoquer des bases en Afrique, sauf pour ce qui est du commandement américain en Europe, leur implication dans l’opération anti-GSPC au Tchad est le premier coup de semonce sérieux en Afrique.

Mounir B., Le Quotidien d’Oran