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Une nuit de deuil international

samedi 1er janvier 2005, par Hassiba

Partout dans le monde, les festivités du réveillon ont été l’occasion de rendre hommage aux victimes du tsunami.

Journée de deuil en Asie du Sud-Est, festivités réduites et dédiées à la mémoire des victimes du tsunami un peu partout dans le monde. Le cataclysme qui a dévasté, le 26 décembre, le pourtour de l’océan Indien était, en ce dernier jour de l’an 2004, dans toutes les pensées. L’Europe ­ dont des milliers de touristes pourraient avoir péri dans la catastrophe ­ a manifesté son deuil par des gestes symboliques. A Paris, les arbres et les candélabres de l’avenue des Champs-Elysées, lieu traditionnel de rassemblement pour la Saint-Sylvestre, ont été couverts de crêpe noir. A Berlin, le million de personnes présentes chaque fin d’année pour le rituel compte à rebours de la porte de Brandebourg ont observé une minute de silence. Le feu d’artifice de Bruxelles, qui devait être tiré à minuit, a été annulé. Istanbul, qui a encore en mémoire le tremblement de terre qui avait tué 18 000 personnes dans le nord-ouest de la Turquie en 1999, a annulé un concert et un feu d’artifice dans le centre de la ville. A Londres, un autre choix a été fait. La parade du nouvel an n’a pas été annulée, mais elle a été placée sous le signe de l’aide aux victimes : les participants ont pu y faire des dons aux associations caritatives et ONG. Dans certaines villes d’Italie, comme Pise, l’argent qui aurait dû servir à faire la fête et tirer les feux d’artifice sera versé à un fonds pour les victimes. Les pays nordiques, qui sont sans nouvelles de milliers de leurs ressortissants, ont mis leurs drapeaux en berne et ont remplacé les feux d’artifice par des processions aux flambeaux. La Suède a ainsi fait de ce nouvel an un jour de deuil officiel. Mais les lendemains risquent d’être difficiles. A Stockholm comme dans les autres capitales nordiques, la presse se déchaîne contre les gouvernements accusés de lenteur, d’incompétence, voire d’indifférence envers leurs ressortissants, toujours bloqués en Asie.

Minute de silence. Dans les pays touchés directement par le tsunami, l’heure était aux veillées funèbres, et la plupart des festivités prévues ont été annulées. En Indonésie, pays le plus touché avec un bilan qui pourrait atteindre les 100 000 morts, la soirée du réveillon a été scandée par les appels à la prière. Au Sri Lanka, où vendredi a été décrété jour de deuil national, le drapeau national était en berne sur les bâtiments officiels, tandis que radios et télévisions diffusaient de la musique funèbre. L’Inde a réduit au strict minimum les réjouissances : plus de 900 000 personnes y ont été directement touchées par ce drame. En Thaïlande, des centaines d’Occidentaux, touristes ou résidents dans le pays, ont passé le nouvel an dans les grands hôpitaux de Bangkok, blessés mais souvent aussi désespérés par la disparition d’un ou plusieurs de leurs proches dont ils cherchent toujours à connaître le sort ou récupérer le corps. En Malaisie, un millier de bouddhistes, de musulmans, d’hindous, de sikhs et de chrétiens se sont retrouvés pour une cérémonie funéraire oecuménique. Hongkong a annulé ses feux d’artifice. Singapour a remplacé par une minute de silence la retransmission en direct du traditionnel compte à rebours du nouvel an. Une minute de silence a également été observée à Sydney en Australie, premier pays du monde à être passé en 2005, avant le lancement du feu d’artifice.

Trois heures auparavant, un bateau chargé d’acheminer des besoins de première nécessité, hélicoptères et mécaniciens, avait quitté Sydney pour la province indonésienne d’Aceh. L’aide continue d’affluer vers les pays victimes du séisme. Les contributions privées ont battu des records de générosité. Les dons des seuls Britanniques avaient atteint vendredi 63,45 millions d’euros. Un peu partout, on s’organise pour collecter des fonds. En France, les dons des particuliers, dont une grande part versée via Internet, atteignaient vendredi les 10 millions d’euros (lire page 5). Les entreprises et fondations privées américaines annoncent elles aussi dons sur dons, en milliers voire en millions de dollars. En Italie, les trois grands syndicats et le patronat ont appelé tous les salariés à verser une heure de salaire au profit des victimes, les entreprises contribuant à la même hauteur à ce fonds spécial. Jusqu’au monde du sport en Europe et en Asie qui commence à s’organiser pour collecter des fonds en faveur des victimes du séisme.

Polémique. Du côté des Etats, les chiffres grimpent follement. Le montant total de l’aide promise dépasserait déjà, selon l’ONU, 1,1 milliard de dollars. Les Etats-Unis ont annoncé vendredi qu’ils comptaient décupler leur aide, la portant à 350 millions de dollars. La Chine a fait elle aussi un geste spectaculaire en annonçant vendredi une aide de 60,46 millions de dollars, qui s’ajoute à une première aide en matériels et vivres. Elle devient du coup un des principaux pays donateurs, juste derrière le Royaume-Uni, qui a promis 50 millions de livres (96 millions de dollars) et la Suède avec 55 millions d’euros (75 millions de dollars). La France a pour sa part promis 42,1 millions d’euros, mais la polémique engagée entre Paris et Washington au sujet de l’aide au développement continue. Dans un courrier adressé à Andrew Natsios, administrateur de l’Agence américaine pour le développement (USAID), l’ambassadeur de France à Washington, Jean-David Levitte, a qualifié de « choquantes et injustifiées » ses critiques à l’encontre de la politique d’aide de Paris. Au-delà de ces querelles, et peut-être pour y mettre fin, les principaux bailleurs de fonds devraient se retrouver le 6 janvier, et une conférence des donateurs devrait se tenir le 11 janvier à Genève, au siège des Nations unies.

(avec AFP, Reuters, www.libération.fr)