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Yazid Zerhouni : « El Para doit être jugé en Algérie »

samedi 11 septembre 2004, par Hassiba

« El Para doit être jugé en Algérie. » C’est ce qu’a déclaré hier Yazid Zerhouni , ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, lors d’une conférence de presse qu’il a animée au siège de la wilaya à l’issue de la cérémonie d’installation du successeur de M. Nourani.

Yazid Zerhouni, qui a répondu sans hésitation et de manière catégorique, s’attendait certainement à ce que la question lui soit de nouveau posée.

Notamment deux jours après la diffusion par la chaîne française France 2 d’un entretien de dix minutes avec El Para. C’était dans l’émission « Envoyé spécial » de jeudi soir. Le ministre de l’Intérieur, qui a déclaré ne pas avoir suivi l’émission, n’en a pas moins affirmé qu’El Para n’avait pas autant d’importance que l’on veut bien lui en donner, particulièrement dans la lutte antiterroriste en ce sens qu’il avait quitté le pays depuis plus d’une année. Interrogé sur d’éventuels contacts avec les responsables du MDJT qui détiennent le terroriste en vue de son extradition, le conférencier qui était accompagné par l’ex et le nouveau walis ainsi que le président de l’APW d’Alger, a affirmé : « Nous avons des contacts permanents avec les autorités tchadiennes. » M. Zerhouni n’en dira pas plus, sollicitant par-là la compréhension des journalises du fait que « ce sont des questions assez sensibles, vous comprendrez que je ne peux pas vous donner plus de détails ».

Pour rappel, El Para est apparu sur la télévision française, souriant et apparemment bien traité. Mais il affichait aussi une mine de quelqu’un qui narguait les autorités algériennes tout en se présentant quasiment comme une victime expiatoire. L’affaire de ce terroriste qui a enlevé les touristes européens l’an dernier n’était pas l’unique sujet abordé lors de la conférence de presse du ministre de l’Intérieur. Il a été en effet question de la gestion des affaires de la capitale et des projets réalisés ou en cours de réalisation. Des chiffres ont été donnés par le premier responsable des collectivités locales, pour étayer ses dires quant à l’amélioration palpable, selon lui, du cadre de vie des Algérois.

Ainsi, et à l’occasion de la cérémonie d’installation, M. Zerhouni a déclaré que ce ne sont pas moins de 248 milliards de dinars qui ont été débloqués pour des « actions de développement » entre 2000 et 2004. « Ce montant représente plus de dix fois les allocations financières du triennal 1997-1999 ». Ainsi, on apprendra que 1 600 opérations ont été inscrites dans ledit programme. Des opérations qui touchent l’ensemble des secteurs, particulièrement les travaux publics et l’AEP (eau potable). Revenant sur la problématique des APC bloquées, le ministre de l’Intérieur commencera pas démentir le chiffre de 300 mairies quasiment immobilisées. « Ce ne sont pas plus de deux ou trois APC par wilaya qui vivent des problèmes de retrait de confiance ou de désaccords entre les membres. »

A la question de savoir quelles sont les mesures prises ou à prendre pour que ces institutions se tournent enfin vers la gestion des affaires de leurs localités, le ministre de l’Intérieur affirmera que la dissolution et l’organisation d’élections partielles restent la solution extrême. A laquelle apparemment les pouvoirs publics ne veulent pas recourir. Toutefois, a estimé le patron de l’Intérieur, des solutions allant dans le sens du rapprochement entre les membres des exécutifs, confirmer le maire ou le remplacer par un autre, peuvent être préconisées.

Abordant la question de l’hygiène, M. Zerhouni dira que ce n’est pas uniquement le problème des pouvoirs publics. « C’est surtout l’affaire des citoyens qui doivent s’impliquer, car ce sont eux qui jettent les ordures ménagères de manière anarchique, quand ce n’est pas d’un balcon. » Il donnera, dans le même registre, l’exemple de la ville d’Oran où pas moins de six tonnes d’ordures doivent être éradiquées. Toutefois, le ministre s’interdira, en réponse à une question sur les éventuelles mesures de coercition aussi bien pour ce problème que pour l’esthétique des façades des immeubles, de sévir, en ce sens que pour le moment, « ce n’est pas une urgence ». A propos du relogement des citoyens touchés aussi bien par les inondations de Bab El Oued que par le violent séisme du 21 mai 2003, M. Zerhouni indiquera avec fierté que pour le premier, 2 000 familles ont été relogées dans de nouveaux appartements « et des travaux de réhabilitation de Bab El Oued ont été réalisés. Bab El Oued est plus belle qu’avant », fera-t-il remarquer. Pour ce qui est du deuxième, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales a affirmé que 2 000 familles touchées par le séisme ont été relogées définitivement dans des logements neufs. Tandis que 7 500 autres occupent provisoirement des chalets. D’autre part, le conférencier indiquera que 94 000 logements ont été réhabilités.

Il reconnaîtra, d’autre part, que le problème des centres de transit et des bidonvilles n’a pas été définitivement réglé, même si une bonne partie d’entre eux a été éradiquée. « Beaucoup de gens font du business dans ce sens », dira-t-il.Enfin, concernant l’augmentation des délits et de la criminalité, le ministre indiquera que les effectifs de la police et de la gendarmerie ont été multipliés par 4, voire 5 depuis l’indépendance.

Il reconnaîtra tout de même qu’il y a un manque de formation flagrant, mais qui a commencé à être pris en charge. « Vous savez, les policiers que l’on recrutait ne pratiquait pas plus de 45 jours de formation, alors que le minimum est d’une année. On leur apprenait à utiliser les kalachnikovs et on les envoyait pourchasser les terroristes. » Et le ministre de surprendre l’assistance en ajoutant : « La majorité des agents de la circulation n’utilisent pas le sifflet et ne connaissent pas le code de la route. Mieux encore, dans certains nouveaux quartiers et villes de la capitale, la présence des services de sécurité est symbolique. » M. Zerhouni dira qu’un programme de formation est en phase d’application pour pallier tous ces problèmes.

Par Faouzia Ababsa, La Tribune