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Zerhouni : « Allez demander au ministre des Finances ! »

Le ministre de l’Intérieur à propos du Matin

samedi 6 mars 2004, par Hassiba

Lors de son immuable rendez-vous avec la presse en marge de la visite présidentielle à Biskra, jeudi, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, n’a pu éviter les interrogations sur la fermeture du Matin. Toutefois, après sa sortie d’El Oued où Nourredine Yazid Zerhouni avait cyniquement déclaré que ça fera « un journal de moins », il est resté dans le vague sans réellement répondre. Presque mal à l’aise.

Le ministre de l’Intérieur indiquera aux journalistes que la direction générale des impôts et le ministère des Finances sont les plus habilités à répondre. Quant à une éventuelle réquisition de la police en cas de saisie du siège et du matériel du journal, Nourredine Zerhouni dira que dans ce cas de figure, « il est évident que la police judiciaire sera requise ». Cependant, « pour l’instant, nous n’en sommes pas là », a estimé sans plus de précision le ministre.
_ Concernant le FLN et la décision du Conseil d’Etat de confirmer l’invalidation du 8e congrès du parti et le gel de ses structures prise initialement par la chambre administrative près la cour d’Alger, Nourredine Zerhouni aura les mêmes recommandations. « Il faut voir avec le ministère de la Justice. »

A croire que le ministre a reçu une consigne. Celle de ne pas répondre à la place de ses collègues du gouvernement concernés par les sujets posés. Ce qui ne l’empêchera pas d’asséner quelques sentences. « Nul ne peut représenter le FLN ni s’exprimer en son nom. Le congrès doit se refaire », relèvera Nourredine Yazid Zerhouni.

Interrogé sur le statut d’Ali Benflis dans l’organigramme du parti, il précisera qu’« il n’y a pas de secrétaire général ». Il indiquera toutefois que M. Benflis ne peut pas se présenter sous la bannière du FLN lors de la campagne électorale pour la présidentielle ni utiliser les fonds du parti à cet effet. « Rien ne l’empêche de mener campagne en candidat libre », ajoutera le ministre.

Quant aux déclarations de Saïd Barkat qui estime que « seuls les 52 plaignants contre la direction du FLN ont le droit aujourd’hui de s’exprimer au nom du FLN », Nourredine Zerhouni estimera que c’est « une interprétation ». Son ministère fait, quant à lui, un constat : « Pour la collecte des signatures d’élus, M. Benflis n’en a présenté que 1 700 sur les 6 000 élus que compte le parti. Le courant des redresseurs est important. Toutefois, je ne pense pas que nous puissions gérer cette situation selon un calcul mathématique. Nous allons gérer une réalité », soulignera le ministre.

Interrogé sur la suspicion qui pèse sur l’invalidation des candidatures d’Ahmed Taleb-Ibrahimi et Sid-Ahmed
Ghozali par le Conseil constitutionnel et la présence de personnes non habilitées au Palais des nations au moment du dépouillement des dossiers, Nourredine Zerhouni défendra la décision de l’institution. « Je sais que M. Bedjaoui est un homme respectable. Un grand commis de l’Etat. Il ne s’amuserait pas à ça », a-t-il précisé. Cette décision repose, selon lui, sur un « constat fondé » et non sur une décision politique. Quant au refus d’accorder un agrément aux partis des deux personnalités, M. Zerhouni rappellera que « pour ce qui est de Wafa, ce serait le retour au parti dissous (ex-FIS), 60 % des membres fondateurs sont venus de là. Quant au parti de M. Ghozali, il y a des insuffisances dans le dossier et les documents ».

Quant à l’appel lancé par certains candidats et hommes politiques pour la levée de l’état d’urgence, il précisera que ce dernier n’entrave en rien l’exercice politique et qu’aucune décision n’a été prise ces dernière années au nom de l’état d’urgence. « Certains s’en servent comme alibi, comme cheval de bataille pour la campagne, ou bien il s’agit de gens qui veulent nous faire démonter le dispositif sécuritaire », a estimé M. Zerhouni. Il a également indiqué que l’ONU n’a pas refusé l’envoi d’observateurs étrangers pour le scrutin. « Ils ont des difficultés du fait que le délai est très court. L’ONU sera là comme observateur. Mais posez la question aux Affaires étrangères », indiquera une nouvelle fois un Nourredine Yazid Zerhouni, visiblement mal à l’aise.

Samar Smati, Le Matin