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Zerhouni : Le joker perdu du Président

mardi 16 mars 2004, par nassim

Le silence dans lequel se murent les autorités officielles, trois jours après son transfert à Neuilly, autorise toutes les suppositions. Une chose est sûre, c’est un homme-clé du dispositif présidentiel qui vient de disparaître - provisoirement ? - de la scène.

Malade pas malade ? Partira-t-il ou restera-t-il à son poste au sein du gouvernement Ouyahia ? Depuis trois jours, l’état de santé du ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, fait l’objet de toutes les rumeurs et de toutes les spéculations. Son avenir politique également.
Hier encore, une folle rumeur s’est propagée dans le microcosme politico-médiatique d’Alger : Yazid Zerhouni serait décédé à l’hôpital américain de Neuilly en France, où il avait été évacué dans la journée de samedi dernier.
Pure intox ? Jusque tard dans la soirée d’hier, il était encore impossible d’obtenir la moindre information sur l’état de santé du ministre de l’Intérieur. Reste une seule certitude : l’homme est absent d’Algérie depuis quelques jours.

Tant le gouvernement que les services de la présidence gardent un silence embarrassé à propos de ce qui est convenu d’appeler, désormais, l’énigme Zerhouni. Une journée donc après que certains titres de la presse algérienne eurent avancé le nom de son éventuel successeur, les officiels se gardent de démentir les informations.
Ragots ou informations avérées ? Obtenir la moindre précision de la part des autorités relève d’une mission impossible. Même le chef de l’État, Abdelaziz Bouteflika, invité hier en direct dans une émission politique diffusée par la télévision nationale, l’ENTV, s’est abstenu de faire le moindre commentaire à propos de cette affaire. Retour sur quelques jours d’affolement au sommet de l’État.

L’insoutenable absence d’un homme lige
C’est le quotidien El Watan qui se fait l’écho, en premier, de l’évacuation en urgence de Yazid Zerhouni vers un hôpital parisien dans son édition de dimanche 14 mars. L’homme, à en croire le rédacteur de l’article, serait victime d’une septicémie. D’où son hospitalisation en urgence dans un établissement parisien. Souffrant de problèmes rénaux depuis quelques années, l’ancien ambassadeur d’Algérie à Washington et à Mexico, est le patient assidu d’une clinique à Baltimore, aux États-Unis, où il compte un neveu médecin. Toutefois, les soins l’ont rarement obligé à de longues et mystérieuses absences. La “disparition” de Yazid Zerhouni, à trois jours du lancement de la campagne électorale, intrigue et pourrait causer un sérieux problème au staff de Bouteflika. Lundi 15 mars.

L’information concernant sa possible maladie n’est toujours pas démentie. Mieux, le silence des officiels algériens donne de la consistance à la rumeur et relance les spéculations.

Deux informations sont sur la place publique. Daho Ould Kablia, ministre délégué aux collectivités locales, est déjà donné comme quasi-successeur à la tête du département de l’Intérieur. La preuve est que l’homme a eu à suppléer l’absence de Zerhouni lors des traditionnels points de presse organisés à l’occasion des sorties du président Bouteflika à l’intérieur du pays. Ould Kablia, remplaçant idoine de Zerhouni ? Tout porterait à le croire. Sauf qu’un autre joker est sorti de l’ombre. Un deuxième nom a été avancé par certains journaux. Il s’agit du sénateur du tiers présidentiel, Mustapha Chelloufi, général à la retraite. Le sénateur en question aurait décliné l’offre à en croire les indiscrétions de deux quotidiens. Hier encore, l’intéressé n’a pas démenti l’information.

Deux scénarios pour une sortie
Question : pourquoi donc le cercle présidentiel se garde-t-il d’informer l’opinion publique sur l’état de santé du ministre de l’Intérieur ?

Le portefeuille que détient Yazid Zerhouni et le poste stratégique qu’il occupe dans le dispositif électoral du candidat Bouteflika appellent, sans doute, à une clarification au plus vite.

Deux hypothèses pourraient expliquer ce silence. Yazid Zerhouni étant dans l’incapacité d’assumer ses fonctions au sein du gouvernement, le clan présidentiel serait à la recherche d’un meilleur remplaçant. Dès lors, toute la stratégie électorale de Bouteflika serait à revoir. D’où la tentative de gagner du temps en attendant de trouver le successeur à cette pièce maîtresse dont le Président sortant attendait beaucoup. L’indisponibilité de Zerhouni porterait un coup dur à la candidature de Bouteflika. Et à ses chances d’arracher un second mandat.

Deuxième hypothèse : la maladie de Yazid Zerhouni et la rumeur qui a enflé autour relèverait de la manipulation médiatique.

L’entourage de Bouteflika serait alors tenté de faire diversion autour de l’état de santé de Yazid Zerhouni pour mieux dissimuler les informations, avérées quant à elles, sur une probable déconfiture électorale du candidat Bouteflika. Calcul risqué.

Alors Yazid Zerhouni malade ou bien portant ?

source : Liberté