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Zerhouni, la terre brûlée

samedi 28 février 2004, par nassim

Comme d’habitude, le ministre de l’Intérieur a jeté l’huile sur le feu. Après avoir accusé les jeunes révoltés de Ouargla d’être politiquement manipulés, la ville a renoué hier avec les émeutes.

Au siège de la wilaya de Ouargla à l’issue de la visite de Bouteflika, Zerhouni, plus méprisant que jamais, a dénié aux jeunes de la ville le droit de réclamer une vie plus digne. L’épisode rappelle les déclarations du même Zerhouni après l’assassinat du jeune Guermah. Le jeune lycéen avait été traité par Zerhouni de voyou, propos qui avaient indigné et exacerbé la colère en Kabylie. Cette stratégie de la terre brûlée s’est particulièrement manifestée contre la presse.

Il y eut d’abord le désormais célèbre « Benchicou me le paiera » l’été dernier après le témoignage de l’une de ses anciennes victimes, publié par le Matin, puis sa réaction à la sortie du livre de Benchicou Bouteflika : une imposture algérienne. Outre la menace d’ester l’auteur en justice, Zerhouni dira que l’ouvrage « est plein de mensonges et ne fait pas peur au pouvoir ». Il n’empêche que ses agents ont saisi le livre chez des citoyens venus en nombre l’acheter au siège du journal.

Zerhouni s’enfonce dans le discours despotique en affirmant que « l’action entamée par la police est légale ». A ce jour, aucune notification ni décision de justice n’est parvenue pour interdire légalement le livre. Pourtant, le pire était à venir. Après un prêche incendiaire diffusé par la télévision contre les titres privés, notamment le quotidien Liberté, le ministre de l’Intérieur confirme l’appel au meurtre considérant que le journal en question a porté atteinte à l’islam et à la Constitution. Zerhouni, en défenseur de la Constitution, c’est assez comique. Mais Zerhouni dédaignant le deuil de familles algériennes l’est beaucoup moins.

Après avoir nié les faits de Sfax, il répond froidement aux journalistes à Ouargla : « je n’ai pas dit qu’il n’y avait pas de morts. J’ai dit qu’il n’y avait pas de morts dans le stade. Les deux victimes sont mortes dans un accident de la route. » Le jeune de Bachdjarah dont le corps a été rapatrié récemment en présence de nombreux journalistes de la presse indépendante n’existe pas pour le ministre qui ose affirmer : « je n’ai pas d’informations. » Zerhouni n’est pas à son premier mensonge. Ni à sa première menace contre les citoyens ordinaires ou les personnalités nationales.

Ghania Khelifi, Le Matin