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Quelle place pour l’Algérie ?

dimanche 17 avril 2005, par nassim

Les éléments d’information contenus dans le rapport 2004 sur le « partenariat euro-méditerranéen », édité par le Forum euro-méditerranéen des Instituts économiques (FEMISE), permettent de situer la situation socio-économique de l’Algérie et donnent une image assez claire des avancées et des retards accumulés par rapport aux autres pays de la région.

Pour ce qui concerne les grands agrégats économiques, le rapport met en évidence des « avancées significatives » pour l’Algérie (en plus de la Jordanie, du Maroc et de la Syrie) en matière de désendettement contre une « aggravation » pour l’Egypte, la Turquie et le Liban. Le document situe les problèmes de croissance dans les pays de la Méditerranée à trois niveaux : « un taux d’investissement insuffisant », « un taux d’épargne domestique peu élevé », et « une allocation du capital qui souffre du poids excessif des entreprises publiques ». Pour le premier et le second, l’Algérie fait exception avec les taux les plus élevés parmi les pays arabes du bassin (respectivement 30% et 45% en 2003). Mais pour le troisième élément, le poids du secteur public continue d’être un fardeau pour l’Algérie. Par contre, en matière de chômage, « conséquence de cette croissance insuffisante », alors qu’à l’échelle de la zone, il est de l’ordre de 14%, le rapport fait état d’un « pic de plus de 27% en Algérie ».

Sur le registre de la pauvreté, les taux varient selon les « lignes » prises comme références. Avec un seuil international de 1 dollar, par jour et par personne, le taux de pauvreté en Algérie est de 2,5% (contre 1,1% au Maroc, 2,5% en Jordanie, 3,9% en Tunisie et 7,6% en Egypte). Mais à 2 dollars, par jour et par personne, la pauvreté augmente considérablement en passant à : 17,6% en Algérie, 19,6% au Maroc, 22,7% en Tunisie, 23,5% en Jordanie et plus de la moitié de la population (51,9%) en Egypte. Dans le domaine de l’Education, l’Algérie se tient en 2e place avec 95% de « ratio net de la population scolarisée dans le primaire » juste derrière la Tunisie (97%). Par contre, lorsqu’il s’agit du ratio net de la population scolarisée dans le secondaire, l’Algérie passe à l’avant-dernière place avec 62% (ce qui explique la déperdition scolaire), devant le Maroc (31%). En matière de « croissance annuelle moyenne du PIB », pour la période 1990-2002, le classement par niveau de croissance (du plus élevé au plus faible) donne la configuration suivante : Liban, Jordanie, Syrie, Tunisie, Egypte, Turquie, Maroc, Algérie, Palestine. Dans le chapitre de « l’exclusion sociale », l’étude révèle que « la part de la population dont l’espérance de vie est de moins de 40 ans est la plus haute au Maroc (9,4%), en Algérie (9,3%), en Egypte (8%), en Turquie (8%) et en Jordanie (6,6%) ». Quant aux taux d’analphabétisme chez les adultes, les plus forts « se rencontrent au Maroc (50,2%), en Egypte (43,9%), en Algérie (32,3%), en Tunisie (27,9%) et en Syrie (24,7%) ».

Dans le volet malnutrition infantile, l’Algérie fait partie, avec le Maroc et la Jordanie, des pays où l’on enregistre « des pics supérieurs à ceux du début des années 90 ». Chapitre santé, les pays dont les chiffres sont « sensiblement inférieurs » à l’espérance de vie moyenne en Méditerranée (73 ans) sont, par ordre croissant, l’Egypte, la Turquie, l’Algérie et le Maroc. Pour les dépenses de santé, l’Algérie appartient au groupe des pays (avec la Turquie, la Tunisie, la Jordanie, Chypre et la Grèce) qui investissent entre 2 et 5% . Mais en même temps, elle fait partie des pays (comme la Libye et l’Egypte) où ces dépenses « connaissent une réduction ». L’Algérie ne figure pas parmi la liste des pays « les mieux placés pour la création d’un système de santé efficace ». Par contre, elle est classée parmi ceux qui « semblent se focaliser davantage sur les aspects d’accès aux ressources économiques, éducatives, à l’innovation et aux nouvelles technologies » Avec l’Egypte, le Maroc et la Turquie, l’Algérie fait partie des pays où la mortalité infantile « est significativement plus forte que la moyenne méditerranéenne ».

Si tous les pays de la rive sud de la Méditerranée travaillent dans le sens des modifications des « pratiques et règles » économiques, l’étude du FEMISE distingue trois cas. L’Algérie (avec la Syrie) figure dans celui des « pays en retard d’évolution sensible du point de vue économique ». « Ces pays, lit-on dans le rapport, n’ont pas encore joué le jeu de l’ouverture au même niveau que leurs partenaires méditerranéens. Ici, en dehors de l’ouverture aux échanges qui constitue le choc externe qui entraîne tout le processus, l’agenda des réformes de première priorité est encore fourni. Il s’agit, en général, du fonctionnement du système bancaire et financier, du poids de la bureaucratie, du respect des contrats, de l’indépendance et de l’impartialité de la justice et de l’efficacité de l’action administrative ».

Par Mohamed Mehdi, quotidien-oran.com