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Les frasques de Mouammar Kadhafi en Tunisie

dimanche 23 mai 2004, par Hassiba

Seule la moitié des chefs d’État arabes, sur vingt-deux, a daigné faire le déplacement en Tunisie. Fidèle à lui-même, Mouammar Kadhafi a donné une image de ce qui se passe à l’intérieur de la salle de réunion en quittant les travaux avant même la clôture de la séance d’ouverture du sommet arabe de Tunis.

Arrivé en dernière minute dans la capitale tunisienne après qu’il se soit longuement fait prié par les présidents tunisien et algérien, Kadhafi n’a pu s’empêcher de faire des siennes. En réaction à une phrase de Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, “des voix appellent à le débarrasser de la ligue ou à la démembrer comme si elle était la cause de tous les maux de la nation arabe, ce qui est faux”, le leader libyen a quitté la salle sans dire un mot.
Avant cela, il n’avait pas manqué de provoquer le raïs égyptien, en lançant la fumée de sa cigarette en l’air, pourtant réputé non fumeur, “je fume une cigarette américaine”. Bien que le geste de Kadhafi est à mettre sur le compte de ses innombrables frasques, il n’en demeure pas moins que cela traduit clairement le peu de considération accordée à la gravité de la situation prévalant dans le monde arabe. Pour justifier sa sortie en fanfare, le chef de la révolution libyenne a déclaré que son pays “se voit dans l’obligation de boycotter le sommet arabe car elle n’est pas d’accord avec l’ordre du jour”. Quelle force pourrait bien avoir la “déclaration de Tunis” qui sanctionnera les travaux de cette énième rencontre des dirigeants arabes, dont la moitié ont préféré rester “à la maison” ? Une chose est sûre, ce sera un coup d’épée dans l’eau de plus, et surtout une déception de plus pour les peuples arabes.

Reporté une première fois en mars dernier, en raison de l’impossibilité des ministres des affaires étrangères de s’entendre sur l’ordre du jour des travaux du sommet, le rendez-vous de Tunis se tient cette fois-ci, mais en l’absence d’une bonne partie de ses acteurs, notamment les souverains des monarchies du Golfe.
Les intérêts sont trop divergents pour que les avis puissent se rejoindre. Zine al Abidine Ben Ali aura perdu son pari de faire de ce sommet une rencontre positive. Elle ne débouchera que sur des résolutions de circonstances nulles d’effets. Des condamnations, il y en aura inévitablement comme les fois précédentes, mais des actions concrètes, il ne faut pas en attendre. Ainsi, le peuple arabe aura droit à un communiqué final qui dénoncera beaucoup de choses, sans pour autant s’attaquer directement aux racines du mal. Les Palestiniens et les Irakiens, qui souffrent le martyre, devront se contenter d’un soutien verbal à défaut de mieux, car aucun dirigeant arabe n’est en mesure d’en faire plus. Beaucoup de choses sont à revoir, notamment l’organisation et le fonctionnement, au sein de cette ligue arabe utilisée surtout comme alibi par nombre de chefs d’état arabes pour s’imposer. Tunis n’aura été en fin de compte qu’une étape qui confirme le malaise régnant dans le monde arabe.

Par Abdelkamel K., Liberté