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Abdelaziz Bouteflika ne nommera pas de ministre de la Défense

mercredi 14 avril 2004, par Hassiba

La reconduction à la hussarde de Abdelaziz Bouteflika à la tête de l’Etat remet, brutalement, sur le tapis la problématique de la dualité du pouvoir en Algérie. Les deux grands centres de la décision politique en sont, au lendemain de ce 8 avril, toujours à la même situation succédant au 15 avril 1999.

Soit une sorte de ni guerre, ni paix qui perdure. Entre la présidence et l’armée et contrairement aux lectures précipitées et somme toute légitimes, il ne s’agit que de la neutralisation réciproque qui a abouti au statu quo et, donc, au score tiers-mondiste de Bouteflika. Mal, voire même pas du tout élu, il s’impose de force au scrutin du 8 avril mais en sort affaibli. Politiquement s’entend.

Car, et en dépit des félicitations protocolaires d’usage, quelle est cette capitale ou chancellerie sérieuse qui prendrait au sérieux un score “soviétique” de 85% ? L’armée algérienne a-t-elle laissé faire ? A-t-elle aidé Bouteflika ou n’aura-t-elle en fin de compte rien pu faire face au putsch électoraliste de Bouteflika ? C’en est là l’interrogation fondamentale qui mérite d’être prise en considération.

La vérité : “même si elle n’était pas bonne à dire” ne tarderait pas à se faire jour. Il n’en demeure pas moins qu’une certitude s’impose : ni l’un, ni les autres ne se sont “métamorphosés” du jour au lendemain. Abdelaziz Bouteflika avait prouvé, l’espace d’un mandat, qu’il ne veut pas être “un trois quarts de président”. Une première tentative de récupérer le “quart manquant” avait abouti, faut-il le rappeler, à près de huit mois de retard pour la constitution du premier gouvernement Bouteflika. L’homme n’a pu pour cause imposer un élément à lui - Zerhouni en l’occurrence - comme ministre de la Défense nationale. Un poste théoriquement cumulé par le président de la République mais réellement resté vacant depuis l’ère Nezzar. Sous Bouteflika, c’est en fait le chef d’étatmajor de l’ANP, le général de corps d’armée, Mohamed Lamari qui assure la fonction de ministre de la Défense. C’est d’ailleurs lui qui détient toujours la délégation de signature, et ce, depuis que Nezzar n’est plus ministre de la Défense nationale.

Dans le prochain gouvernement, que Bouteflika prépare pour Ouyahia, cet état de fait sera tout simplement confirmé. Nous apprenons, en effet, de sources très bien informées que Bouteflika qui a, bien avant les élections, tenté le fait accompli, en misant sur le général à la retraite Mustapha Chelloufi qu’il voulait substituer à Zerhouni à la tête de l’Intérieur dans une première étape gardera finalement pour lui le portefeuille le plus important, celui de la Défense nationale.

En d’autres termes, il ne nommera pas de ministre de la Défense. C’est-à-dire que l’armée préserve son territoire et refuse toute incursion d’El- Mouradia aux Tagarins. Et donc conservera son autonomie de décision.

Kamel Amarni, Le Soir d’Alger