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Abdelaziz Bouteflika sort la matraque

lundi 17 mai 2004, par Hassiba

La répression se durcit au moment où Abdelaziz Bouteflika accorde la priorité de son programme à la réconciliation nationale et rameute sa coalition qui a scellé un pacte d’alliance, hier, pour faire aboutir cette démarche en accentuant les divisions au sein du FLN et en brandissant le gourdin contre les mouvements de protestation.

Hier, au moment où Belkhadem faisait l’apologie de la réconciliation nationale en présence d’une partie des députés acquis au clan présidentiel, la police de Zerhouni crée, selon les propos de Belaïd Abrika, un autre juin 2001 à Batna, dans la région de Tkout, où plusieurs délégués du mouvement citoyen ont été arrêtés et d’autres poussés à fuir leurs domiciles qui ont été perquisitionnés. Dans le même temps également, la coalition de Bouteflika, MSP-RND-FLN redresseurs, a signé un pacte d’alliance au nom de la réconciliation nationale en déclarant que « nous combattrons le terrorisme, mais la réconciliation n’est pas un retour dix ans en arrière ». Ces propos butent sur le terrain sécuritaire où le désarmement des forces antiterroristes comme exigence des groupes terroristes armés prend une sérieuse ampleur.

Les Groupes de légitime défense dans la région d’Annaba, et principalement à Seraïdi, sont convaincus que l’opération visant à la neutralisation de leur résistance contre le terrorisme est une offense grave. Pour la plupart, eux qui ont choisi de prendre les armes au plus fort moment de la menace islamiste se retrouvent à la merci de pseudo-repentis et victimes d’une véritable trahison de la part des autorités qui les sacrifient en échange de tractations avec les groupes terroristes armés. Ces derniers conditionnent leur reddition au nom d’une réconciliation nationale consacrant ni plus ni moins que le retour à la légalité du FIS, sans quoi aucune reddition ne saurait être acceptée comme une défaite de l’islamisme armé. C’est d’ailleurs pourquoi le GSPC de Hassan Hattab multiplie tracts et attentats pour signifier qu’aucune alliance n’est possible avec le pouvoir tant la réconciliation nationale n’est pas la consécration de leur idéologie dans le fond et la forme.

Un autre fait autrement plus significatif de cette démarche pseudo-réconciliatrice pour laquelle, selon les propos de Belkhadem, « Bouteflika a été plébiscité », le harcèlement policier et les menaces de mort dont fait l’objet le président de la ligue locale des droits de l’homme de Djelfa, M. Hafnaoui, pour avoir révélé le scandale de la mort suspecte des treize nourrissons dans cette ville principalement. Pourtant, le ministère de la Santé avait dit clairement, dès la révélation du scandale, que c’est grâce à cette ligue qu’il a pu en prendre connaissance et dépêcher aussitôt une commission d’enquête. Bouteflika a, rappelons-le, lors du premier Conseil des ministres tenu après son plébiscite, exhorté le gouvernement reconduit à accorder la priorité à sa démarche de concorde nationale dirigée en faveur « de ceux qui construisent la nation et non à ceux qui la détruisent », en laissant entendre qu’il promettait des « mesures de clémence » dans ce sens. Dans la sémantique du discours présidentiel, ceux qui détruisent la nation et auxquels il donne la chasse ne sont pas les terroristes, mais les « autres » dont il ne veut pas entendre parler et qu’il exclut de la réconciliation.

Ce qui se passe depuis hier à Tkout, s’il ne faut prendre que cette dérive de plus du Président réélu, montre on ne peut mieux de quoi est faite la « promesse » de la démarche réconciliatrice de Bouteflika : la main tendue à l’islamisme armé et le gourdin aux forces de contestation citoyenne.

Par Rachid Mokhtari, Le Matin