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Abderrazak Le Para, émir du GSPC détenu au Tchad

mercredi 19 mai 2004, par Hassiba

Fin de cavale pour Abou Haïdara, alias Abderrazak Le Para, dont le vrai nom est Amari Saïfi, émir des régions du Sud pour le GSPC. Il est détenu au Tchad depuis plusieurs jours avec un de ses proches collaborateurs.

L’information a été confirmée hier matin par le porte-parole du parquet fédéral allemand à Karlsruhe (Ouest), Mme Frauke-Katrin Scheuten.

Celle-ci a précisé par ailleurs qu’Abderrazak Le Para, recherché par la justice allemande en vertu d’un mandat d’arrêt international lancé à son encontre en septembre 2003 à la suite de la prise d’otages des touristes occidentaux dans le sud du pays, a été arrêté en compagnie d’une autre personne, dont l’identité n’a pas été révélée. « Le Parquet a reçu des informations selon lesquelles Le Para a été fait prisonnier au Tchad en compagnie d’une autre personne », a déclaré, selon l’AFP, Mme Frauke-Katrin Scheuten. Le porte-parole du parquet fédéral a refusé néanmoins de préciser par quelles voies ces informations lui sont parvenues et dans quelles circonstances, quand les éléments du GSPC ont été arrêtés et entre quelles mains ils se trouvent actuellement.

Elle a juste indiqué que « les circonstances doivent encore être clarifiées plus qu’avant ». Depuis plusieurs jours, des sources diplomatiques avaient affirmé que Abderrazak Le Para est détenu dans un campement du Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT), une organisation rebelle qui active au nord du Tchad, dans la région du Tibesti. Des sources proches des responsables de ce mouvement ont confirmé à l’AFP cette information. « Il est incontestable que le mouvement a fait dix à vingt prisonniers depuis le 16 mars dernier. Il ne les connaît pas et n’a pas les moyens de les identifier. Si on nous dit que c’est Abderrezak Le Para, c’est possible (...) et il peut y avoir d’autres personnalités », a indiqué l’AFP. Le groupe se serait déplacé dans cette région, dans le but de procéder à une opération d’achat d’armement, mais a été vite intercepté par les éléments du MDJT. D’après des sources proches de ce mouvement, citées par l’AFP, une fois l’identification « formelle » de Abderrazak Le Para, s’est engagée une procédure « compliquée pour le livrer, lui et ses camarades, à l’un des pays dans lesquels ils sont recherchés (...) Ce n’est pas seulement l’affaire de l’Algérie et de l’Allemagne. C’est l’affaire des pays qui luttent contre le terrorisme. » La complexité de cette affaire réside notamment dans le fait que Le Para et ses compagnons soient détenus par un mouvement rebelle non reconnu sur le plan international.

« Négocier avec le MDJT serait lui donner un certificat de reconnaissance et de respectabilité et frustrer le gouvernement légal du Tchad », a noté la même source, notant toutefois la possibilité que les membres du GSPC arrêtés puissent être livrés à un pays où ils sont recherchés dans le cadre d’une convention internationale de lutte contre le terrorisme, sous l’égide des Nations unies. Selon des sources bien informées, des contacts sont actuellement en cours entre le mouvement rebelle et les autorités algériennes par l’intermédiaire d’un pays africain frontalier pour obtenir l’extradition vers l’Algérie de tous les membres du groupe, notamment leur chef Abderrazak Le Para, détenus dans les camps du MDJT à Tibesti.

« Il y a de fortes chances pour que la procédure aboutisse, sauf imprévu... », ont ajouté nos interlocuteurs. Ainsi, les jours de celui qui a tenu en haleine les autorités algériennes et allemandes pendant près de six mois, période durant laquelle il a pris en otage 32 touristes occidentaux, dont 17 ont été libérés par les forces de sécurité à Tamanrasset, et 15 autres n’ont pu être relâchés qu’après le paiement par les autorités allemandes d’une rançon de 5 millions d’euros. Les tractations ont eu lieu au nord du Mali par l’intermédiaire des notables de Kidal où les 84 membres du commando du GSPC avaient pris refuge. Fort de ce butin, Abderrazak Le Para a commencé par renforcer les rangs de son groupe en procédant au recrutement parmi les Touaregs maliens, nigériens, tchadiens, mauritaniens et à l’achat des armes, dont une partie devait être acheminée vers le maquis du GSPC en Algérie. La cargaison constituée d’une importante quantité d’armement de guerre a été, fort heureusement, interceptée par les troupes de l’ANP au niveau de Aïn Salah, où elle a été totalement détruite et les convoyeurs neutralisés. Au mois de mars dernier, Abderrazak Le para et ses troupes ont été pourchassés par l’armée nigérienne au nord de son pays alors qu’ils étaient de passage dans cette région. Scindés en deux groupes, l’un avec Le Para est retourné au nord du Mali, et l’autre a poursuivi son chemin vers le Tchad où l’armée tchadienne l’a combattue, tuant 42 d’entre eux et capturant six autres.

Au nord du Mali, les notables et les autorités ont fait savoir à Abderrazak Le para que désormais sa présence dans leur pays était encombrante, dans la mesure où la plus grande puissance du monde, à savoir les USA, s’est mise de la partie pour ne permettre aucun no mand’s land aux terroristes affiliés à Al Qaîda, notamment dans cet espace qu’est le Sahara. Ce qui l’a poussé à repartir avec ses hommes, au moins une cinquantaine, vers le Tchad. Cette destination lui a été fatale.

Par Salima Tlemçani, El Watan