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Alger-Centre le jour du scrutin

vendredi 9 avril 2004, par Hassiba

Très paisible aura été la commune d’Alger-Centre, hier dès la matinée plongée dans une splendeur printanière. Bien que la campagne électorale se conjuguait au passé depuis trois jours déjà, les affiches des candidats continuaient à s’étaler pêle-mêle et opiniâtrement sur n’importe quel espace encore disponible, surtout ceux non autorisés.

C’est paradoxalement au lendemain de la fin de cette campagne que les candidats en lice mettaient les bouchées doubles en squattant plus d’espaces et, leur imagination se faisant plus fertile, on voyait apparaître désormais de gigantesques affiches dressées du haut des immeubles et tout au long des grands boulevards d’Alger.

Interrogé, Rabah Belalouane, premier vice-président de l’APC d’Alger-Centre, nous explique que « ce sont les éléments des services de voirie qui sont chargés de procéder au nettoyage de la ville de toute trace de cette campagne ». Il ajoute que « c’est à l’Epic Net-Com qu’incombe cette tâche mais également aux services des APC ». Pour notre interlocuteur, « ces agents en nombre réduit sont dépassés ».

Cependant, s’il est un fait absolument à relever et constaté dans les bureaux de vote au niveau d’Alger-Centre, mais certainement dans d’autres localités aussi, c’est l’inexistence de nombreux noms de citoyens appartenant aux corps constitués sur le fichier électoral de leur lieu de résidence. Ils étaient plusieurs, à notre arrivée hier au niveau de l’APC d’Alger-Centre, à patienter dans une salle d’attente après avoir confié leurs cartes d’identité nationale à un agent de la réception, alors qu’un autre, parti à la recherche d’une solution, tardait à revenir. Certains citoyens se sont résolus à quitter la salle.
Rappelons à ce titre que jusqu’aux dernières échéances électorales, à savoir les législatives de mai 2002, et en application de la loi portant régime électoral alors en vigueur, les corps constitués ont toujours exprimé leur voix au sein même de leurs casernes respectives ou leurs lieux de travail. Ce qui n’est plus le cas depuis l’amendement de cette même loi, et cette situation se présentait hier pour la première fois. Les personnes chargées du déroulement du scrutin se trouvaient encore désemparées à notre départ.

De son côté, M. Belaouane nous rassurait que la préoccupation que nous lui posons ne constituait pas un problème en soi, en dépit de l’effet certain sur le taux de participation. Il nous communique ensuite les chiffres concernant sa commune. Ils sont donc 73 647 citoyens inscrits au fichier électoral dont 38 064 hommes et 35 584 femmes. De la Casbah à l’ouest jusqu’aux hauteurs de la rue Didouche-Mourad à l’est, la circonscription administrative comprend 189 bureaux de vote répartis sur 21 centres que sont les établissements scolaires ouverts de 8 heures à 20 heures.

Au centre de l’école Pasteur, ce sont 14 bureaux de vote qui ont été ouverts. C’est là où le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, également secrétaire général du RND, parti constituant l’alliance présidentielle autour du Président sortant en même temps que le parti MSP et le mouvement de redressement du FLN, a exprimé sa voix. C’est là aussi que s’exprimera le candidat Ali Fawzi Rebaïne. Autre fait, et pas des moindres, l’absence dans la quasi-totalité des bureaux de vote que nous avons visités des représentants de quatre candidats.

Les deux présents, sont immanquablement ceux représentant, côte à côte, les deux candidats que sont Ali Benflis et Abdelaziz Bouteflika. Partout où nous sommes passés, les trois chaises étaient vides. Moins rares, et en troisième position, étaient ceux activant pour le compte du parti Al Islah de Abdellah Djaballah.

Parmi ces représentants, certains invoquent des moyens financiers pour expliquer ces absences. Quelque peu embarrassés par la question, et après notre insistance, ils nous confient qu’ils sont payés entre 1 000 et 2 500 DA pour cette journée. D’autres en revanche insistent pour
dire qu’ils sont là à titre strictement « patriotique ».

Yasmine Ferroukhi, Le Matin