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Alger accuse Rabat

mercredi 18 août 2004, par Hassiba

L’Algérie et son voisin de l’Ouest, le Maroc, continuent de jouer au “je t’aime, moi non plus”.

Derrière les sourires larges que les officiels des deux pays “servent” aux caméras des journalistes se cachent des susceptibilités, des arrière-pensées, voire une haine mal contenue, qui s’exprime régulièrement par des coups de gueule ou par presse interposée. On donne simplement l’impression que le grand amour revient enfin. Mais c’est juste pour masquer, un temps seulement, le grand malentendu historique lié à l’affaire du Sahara occidental. En l’occurrence, il suffit qu’une malencontreuse déclaration soit faite ici ou là pour que des discussions menées au pas de charge viennent mettre un bémol à un idéal maghrébin qui s’éloigne comme l’Arlésienne.

Hier encore, l’Algérie, par le biais d’une déclaration d’une “source autorisée”, a réitéré sa position vis-à-vis du Maroc et a surtout, implicitement, accusé Rabat de saborder tout effort visant à rebâtir le bon voisinage sur de bonnes bases. Cette montée au créneau diplomatique intervient moins d’un mois après la fameuse déclaration du ministère des Affaires étrangères dans laquelle il mettait en exergue la position officielle de l’Algérie sur le dossier du Sahara occidental. La partie algérienne avait également rejeté sans ambages “l’offre de paix” proposée par le ministre français des AE, Michel Barnier, et le Premier ministre espagnol, Rodriguez Zapatero, sous forme d’une discussion directe entre Alger et Rabat sur l’avenir du Sahara. Le chef de la diplomatie algérienne, Abdelaziz Belkhadem, appuiera le même jour cette déclaration lors du forum de la télévision affirmant que notre pays ne saurait se plier à un quelconque chantage ou autre pression. Il était pourtant net, clair et précis. Mais voilà que les autorités algériennes reviennent à la charge via cette autre déclaration rendue publique hier et dont le contenu ne diffère pas trop de la précédente. Sauf que cette fois-ci, le ton est sensiblement monté d’un cran, en ce sens que l’Algérie pointe clairement un doigt accusateur en direction du Royaume chérifien coupable de tourner le dos à la légalité internationale à travers ses atermoiements et sa volonté de chercher des voies de règlement du conflit sahraoui loin des projecteurs des Nations unies. Une position dont l’Algérie en fait un principe de droit, du reste conforme au processus qui devait mener à un référendum d’autodétermination. Question : qu’est-ce qui a pu justifier cette nouvelle mise en garde d’Alger en moins d’un mois ? Y a-t-il eu une autre machination marocaine, de connivence avec ses alliés occidentaux, pour tenter de forcer la main à l’Algérie dans ce dossier ? Si la déclaration des AE ne souffle mot sur les motivations d’un tel rappel à l’ordre, il est loisible de deviner qu’il n’y a pas de fumée sans feu. La “source autorisée” s’est contentée de justifier la clarification “par devoir de transparence, dû au respect que l’Algérie nourrit envers les pays maghrébins qui sont les premiers concernés par l’avenir de la région ainsi que la communauté internationale entière...”.

Il y est précisé une fois de plus que l’Algérie considère le dossier du Sahara, “à l’instar de la communauté internationale, comme une question de décolonisation à parachever”. L’Algérie rappelle qu’elle a souscrit au plan de l’ONU qui s’est traduit par les accords de Houston sous la houlette de James Baker. Précisément, les autorités algériennes se sont fait fort de préciser que les deux parties en conflit ont signé ses accords et que c’est le Maroc qui “persiste à ignorer la légalité internationale et à préconiser des solutions se situant en dehors de cette légalité”.

L’Algérie est visiblement courroucée par les volte-face du Maroc et ses coquetteries politiques qui consistent à s’engager sur quelque chose et à faire autre chose. Il est vrai que l’activisme marocain dans les capitales occidentales pour qu’elles intercèdent auprès d’Alger relève du secret de Polichinelle. Mais cette démarche est tellement répétitive qu’elle a fait réagir vigoureusement les autorités algériennes pour, sans doute, une ultime explication. “L’Algérie réaffirme, de la façon la plus solennelle, qu’elle ne peut et ne veut en aucun cas se substituer au Front Polisario, représentant légitime et exclusif du peuple sahraoui, et que toute tentative dans ce sens ne fera que retarder la paix au Sahara occidental et conduire à l’impasse”. Une explication qui ne souffre pas la moindre ambiguïté.

Par Hassan Moali, Liberté