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Ali Benflis dans la wilaya de Sétif

lundi 5 avril 2004, par Hassiba

Nous sommes des hommes de paix. Nous n’agresserons personne, mais celui qui nous agressera n’en sortira pas indemne”. C’est par cette mise en garde, lancée à Aïn Lekbira, que Ali Benflis a terminé hier en fin d’après-midi sa tournée dans la wilaya de Sétif.

Venant de Batna où il avait animé un meeting la veille, le candidat du FLN à l’élection présidentielle débutera sa journée électorale dans la localité de Aïn Oulmane où il s’est offert un bain de foule.
Une marche, sur une distance d’environ cinq cents mètres, a été même organisée par le candidat et a drainé des dizaines de citoyens. Après cette halte, Ali Benflis se dirigera vers El-Eulma. La foule nombreuse qui l’attendait depuis les premières heures de la matinée s’était amassée sur les deux côtés de la rue principale de la ville brandissant des portraits de l’ancien Chef de gouvernement.

Déterminés à assurer le bon déroulement de la manifestation, les animateurs de la permanence électorale n’ont pas cédé aux provocations d’un groupuscule de jeunes entourés de gamins qui scandaient au milieu d’une foule indifférente, “yahia Bouteflika”. Chauffé à blanc, ce groupuscule a fini par faire réagir Ali Benflis qui a pris la parole pour lancer à ses sympathisants, en évoquant les sacs d’argent distribués à tort et à travers pour ameuter des jeunes délinquants : “Errachi itabaa errachi” ( le pourri suit le pourri, ndlr). “L’insulte n’est pas notre programme, nous la laissons à ceux qui en font un projet”. Le discours de Benflis n’a duré que quelques minutes. Un long périple dans la capitale des Bibans l’attend. La salle omnisports de Sétif ville était déjà, depuis quelques heures, archicomble.

Les pressions de l’administration n’ont pas eu raison de la détermination des Sétifiens. D’ailleurs, le meeting du candidat à l’élection présidentielle a été introduit par la dénonciation des pratiques du wali par le responsable de la société civile, le Dr Mokhtari. Celui-ci dira que “les moyens de l’État sont utilisés dans la propagande au profit du président-candidat”. “On va lui résister”, affirmera l’orateur sur un ton rageur avant de souligner que “ce wali ne mesure pas les conséquences de son comportement”.

Mme Boumediene, la veuve du président défunt, qui a accompagné Benflis lors de cette tournée, prendra, elle aussi la parole pour dénoncer la catastrophe qui a frappé le complexe gazier de Skikda. “C’est un scandale pour le pays”, dira Anissa Boumediene qui ajoutera : “Si le ministre de l’Énergie était responsable, il aurait démissionné sur le champ”. Après avoir expliqué à l’assistance composée d’environ dix mille voix les raisons de son soutien à Ali Benflis, l’oratrice affirme qu’elle connaît bien Bouteflika pour l’avoir côtoyé pendant des années aux côtés de son défunt mari. “Je connais ses défauts”, lancera-t-elle au milieu des applaudissements.
Mme Boumediene, qui rebondira sur le même sujet à Aïn Lekbira, lâchera devant les milliers de personnes de tous âges venues accueillir le candidat du FLN : “Je pensais qu’il allait grandir, mais finalement il a évolué dans le mauvais sens, il est devenu sénile”.

Après elle, Ali Benflis, monté à la tribune sous un tonnerre d’applaudissements, s’étalera, devant les citoyens totalement conquis, sur son programme de sortie de crise. Outre l’instauration d’une vraie démocratie, l’ouverture du champ médiatique, la redynamisation de l’économie nationale, la modernisation de la police, le candidat insistera sur le respect qu’on doit vouer aux cadres algériens qui souffrent de la marginalisation et de l’exclusion. “Non à la politique de la haine, de la rancune qui vient de la culture de la fitna, de la cupidité et du mépris du peuple”, dira Ali Benflis à une foule très attentive à son discours.
Et d’ajouter : “Sa politique sera appliquée par une équipe propre, intègre, courageuse, et capable de relever les défis.” L’orateur qui dénoncera la culture du complot, des hold-up et des pronunciamientos électoraux, fustigera “la minorité opportuniste et les militants saisonniers qui ont bénéficié de sacs d’argent”.

Avant d’aller se ressourcer à Aïn El-Fouara au milieu de ses sympathisants et de rendre visite aux habitants de Bougaâ, l’ancien Chef de gouvernement lancera aux Sétifiens : “Vous avez fait le 8 mai 45 qui a donné naissance à la Révolution algérienne, vous n’avez pas à avoir peur.” La peur aujourd’hui, conclura Ali Benflis, “c’est de ne pas aller voter”.

S. R., Liberté