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Benflis : Le 8 avril sera un deuxième 1er novembre 1954

Le candidat Ali Benflis annonce les grandes lignes de son programme

lundi 15 mars 2004, par Hassiba

C’est dans un CIP plein à craquer que l’ancien chef de gouvernement affirmera que “la question de la démocratie en Algérie sera définitivement réglée le 8 avril prochain”.

Le peuple n’acceptera pas un hold-up électoral. Il n’acceptera pas que sa volonté soit détournée.” Ali Benflis a présenté, hier, au centre international de presse les grandes lignes de son “projet national rénové”. Le 8 avril, sera, dira-t-il, une date capitale dans la vie de l’Algérie, à l’instar du 1er novembre 1954.

Le parallèle est très significatif. Il montre la détermination du candidat à barrer la route à la fraude qui, selon lui, a déjà commencé. Les algériens, martèlera-t-il, assumeront leur responsabilité, et lui assumera les siennes pour diriger ce combat. “Le peuple est malmené depuis des années. Le 8 avril prochain, on va régler définitivement la question de la démocratie en Algérie.” Ali Benflis est convaincu que le jour du vote, “les fraudeurs trouveront le peuple sur leur chemin”. Le secrétaire général du FLN évoquera, outre la campagne avant l’heure du président-candidat, l’implication du ministère de l’intérieur, du conseil constitutionnel et du département de la justice, des institutions ayant pris partie pour Bouteflika.

Autant de signes avant-coureurs du détournement des urnes. Il révélera au passage que trois walis l’ont contacté pour lui faire part “des pressions qu’ils subissent pour bourrer les urnes”. Ali Benflis affirme que ces cadres feront incessamment des déclarations à des chaînes de télévision étrangères pour dénoncer le chantage de l’équipe présidentielle.
Pour éviter de telles pratiques, le candidat du FLN propose une loi qui les mettra l’abri. Par ailleurs, il saluera la décision de l’armée qui a affirmé son retrait de la scène politique et sa “neutralité constructive” vis-à-vis de la prochaine échéance électorale.

Révélant, dans le détail, ses 100 engagements, l’ex-chef de gouvernement souligne que son projet s’appuie sur le triptyque suivant : “L’approfondissement de la pratique démocratique, la redynamisation de l’économie nationale et la reconstruction de la cohésion sociale ébranlée et fragilisée par près de deux décennies d’une crise multiforme.” “Il est vrai, soutiendra-t-il, que les citoyens aspirent à voir la démocratie s’instaurer réellement dans le pays”.

Les Algériens expriment, selon lui, “une forte revendication concernant l’amélioration de leur cadre de vie”. Ainsi, outre la réhabilitation du rôle des partis politiques et des élus locaux, Benflis opte pour une “démarche économique rénovée, axée autour de l’accomplissement du processus de réforme selon une approche qui donnera aux opérateurs économiques nationaux et étrangers la visibilité et la sécurité, deux facteurs fondamentaux pour l’amélioration du climat des affaires qui favorisera les investissements directs étrangers”. Évoquant “la revitalisation de nos entreprises qui doivent être érigées en véritables centres de création de richesses”, il préconise un vaste programme de mise à niveau de ces entreprises qui verront leurs charges fiscales et parafiscales allégées. Quid de la question sécuritaire ? Elle occupe une place de choix. “La lutte contre le terrorisme sera poursuivie sans relâche”, affirmera M. Benflis. Seulement, ajoutera-t-il, celle-ci “ne peut à elle seule faire office d’une doctrine de sécurité. ( ...) Il me semble que nous devons agir pour arriver à un véritable consensus national sur cette question hautement sensible”, dira-t-il.

Pour lui, seule une approche partagée de l’évaluation des menaces d’une part, et des opportunités qui s’offrent à notre pays en matière de sécurité et de défense, d’autre part, aideront à faire émerger et à diffuser au sein de notre société une culture citoyenne de défense et de sécurité.

“La crise de Kabylie est le premier dossier que je traiterai”

Questionné sur la solution à apporter à la crise de Kabylie, Ali Benflis affirme que ce sera “le premier dossier que je traiterai personnellement si je suis élu à la présidence de la République”. “Le dialogue avec toutes les parties concernées sans exclusion. Je le dirigerai moi-même, sans recours à la sous-traitance”, dira-t-il. Aucune question de la plate-forme d’El-Kseur ne constitue un tabou, estime Benflis.

S. R., Liberté