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Bouteflika et le concept d’interculturalité

mardi 3 mai 2005, par nassim

Partisan d’un dialogue effectif entre les cultures, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, n’a pas dissimulé hier ses appréhensions, devant un panel d’intellectuels venus des quatre coins de la planète, quant aux conséquences d’une interculturalité avec un soubassement “uniformisé”.

Dans une allocution à

Abdelaziz Bouteflika

l’ouverture des travaux du Xe congrès de l’Association internationale pour la recherche interculturelle (Aric) qui se sont ouverts hier à Alger, le chef de l’État a estimé que “l’horizon d’une interculturalité positive semble aujourd’hui barré par les tenants de la modernisation de l’islam auxquels répondent dans un même élan, fait de simplisme et de confusion, les tenants de l’islamisation de la modernité, alors que le risque effectif que courent les sociétés maghrébines, la société algérienne en particulier, est celui d’une occidentalisation sans modernisation, celui d’une indiénisation qu’elles avaient su et pu conjurer à l’époque de la domination coloniale”. Le chef de l’État, qui intervenait sur le thème “Recherche interculturelle : partage de savoirs et partage de cultures”, a rappelé le rôle joué par de nombreux personnages dans l’interculturalité autant du temps de la domination romaine, à l’image de Saint-Augustin que pendant la période coloniale comme Frantz Fanon, Jacques Berques, Bennabi, pour ne citer que ceux-là.

Un rôle qui a tendance à s’estomper de nos jours. “Jamais la circulation des hommes et des femmes entre les deux rives de la Méditerranée, vecteur essentiel d’une interculturalité conviviale, n’a été aussi frustrante que depuis l’instauration de l’espace Schengen qui a transformé la Méditerranée occidentale en limes”, a-t-il dit. “Mon inquiétude tient au fait qu’il me semble que la chaîne des hommes et des femmes, ponts entre les deux rives de la Méditerranée, est en train de se rompre, a t-il ajouté. Cependant, le chef de l’État tient à faire le distinguo entre le partage du savoir et le partage des cultures. “Il serait peut-être plus judicieux dans la perspective d’un humanisme actionnel, visant à l’universalisation toujours partielle et à jamais inaccomplie du genre humain, de parler, à propos des cultures, de dialogue et à propos de savoirs, de diffusion facilitante, ce qui s’est déjà produit dans diverses régions de la planète et en particulier dans la Méditerranée (...)”, a-t-il estimé. Pour Bouteflika, “le temps des savoirs est celui de l’illimité, celui des cultures est celui du repoussement des limites dans le moment même où elles sont réaffirmées”. Présidée par le professeur Mohamed Lahlou, l’ARIC créée en 1984 vise à établir des liens entre les chercheurs dans le domaine de l’interculturalité. Elle regroupe des chercheurs de plus de 60 pays. À noter que plus de 400 communications sont prévues pendant le congrès.

Par Karim Kebir, liberte-algerie.com