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Commémoration du 1er novembre 1954 en Algérie

mardi 26 octobre 2004, par Hassiba

A la veille de la célébration du 50e anniversaire de la Guerre d’Algérie, le président de l’Association franco-algérienne pour la protection des droits acquis, Rabah Amroun, interpelle les autorités algériennes et françaises sur la nécessité de mettre en place une commission mixte indépendante en vue de prendre en charge les victimes civiles algériennes et françaises d’origine algérienne.

M. Amroun, qui ne ménage aucun effort pour déterrer à chaque occasion ce dossier tumultueux, indique que la commission qu’il revendique doit examiner toutes les demandes des concernés comme elle doit avoir accès aux informations historiques des archives publiques des deux pays. Aussi, ajoute-t-il, ladite commission devrait accéder aux documents des banques, de la Sécurité sociale et des sociétés nationales. Selon M. Amroun, une priorité absolue doit être accordée à l’examen des dossiers des personnes les plus âgées et de celles qui se trouvent dans une situation très précaire.

Interrogé sur les acquis arrachés par son association, ce chercheur souligne que des pas considérables sont franchis en France et des réalisations y sont enregistrées, mais en Algérie, les difficultés persistent et le ministère des Moudjahidine a carrément mis de côté ce dossier. Pour illustrer ses dires, M. Amroun déclare que l’Etat français a créé en septembre 1999 la Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliation du fait des législations antisémites en vigueur en France pendant l’Occupation. Installée officiellement en novembre 1999 par Lionel Jospin, alors Premier ministre, la commission a pour mission d’éclairer les victimes et leurs familles sur le sort des biens dont elles ont été dépossédées, de rechercher et de proposer des mesures de réparation, de restitution ou d’indemnisation appropriées à chaque cas. D’après Amroun, toutes les spoliations d’ordre matériel ou financier qui sont intervenues du fait des législations antisémites pendant la Seconde Guerre mondiale sont du ressort de cette commission. En Algérie, cependant, le tableau est loin d’être rose.

Requêtes
Le président, également, de l’Association nationale des victimes civiles de la guerre de Libération nationale (ANVCGLN) déplore les contraintes qui se dressent contre les personnes qui se sentent lésées lors et après la Révolution de novembre 1954. Ainsi, argumente M. Amroun, des procureurs obligent les personnes qui saisissent le ministère de la Justice sur les agissements dont elles sont victimes à être écoutées par la police sous prétexte qu’ils ne comprennent pas la langue française. « Une personne a déposé une requête auprès du ministre de la Justice. Quelques jours après, elle est convoquée par la police pour être écoutée en arabe », témoigne-t-il avec regret.

A ce propos, M. Amroun précise que les trois instruments clefs des Nations unies, repris par l’Union européenne, stipulent que toute personne a droit d’être informée, de s’exprimer et d’introduire ses requêtes avec la langue qu’elle comprend. « Ces femmes et ces hommes qui ont arraché l’indépendance de l’Algérie avec la langue française aux Français, peuvent-ils aujourd’hui être insultés, humiliés et privés de leurs droits par les décideurs de la justice qui n’ont aucun respect des valeurs humaines, des accords d’Evian, des droits de l’homme et de l’Algériannité », dira M. Amroune consterné. En attendant l’aboutissement total de son combat, M. Amroun appelle les Algériennes et les Algériens qui se considèrent lésés dans leurs droits les plus légitimes à mettre en place des délégations régionales de l’Association franco-algérienne pour la protection des droits acquis avant, pendant et après la Guerre d’Algérie. L’objectif, explique-t-il, est de lever les contraintes imposées à ceux qui ont servi la France pour sa libération et l’Algérie pour le recouvrement de la souveraineté nationale. Sur le même volet, cette association se penche sur les droits des victimes de crimes de guerre, de génocide et contre l’humanité, de maladies professionnelles, des radiations d’armes chimiques et atomiques, de mines antipersonnel sur les sols français et algérien.

Rachidiou Mustapha, El Watan