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El-Kseur, une APC scellée...

samedi 22 mai 2004, par Hassiba

Localité emblématique pour le mouvement citoyen de Kabylie, la commune d’El-Kseur, dont la réputation dépasse nos frontières grâce à ses hauts faits de résistance, est aussi scellée que la plate-forme qui en a été adoptée en juillet 2001.

La décharge sauvage qui vous accueille au pied de la ville en venant de Béjaïa donne un avant-goût d’un état des lieux qui laisse trop à désirer. “C’est la plaie de notre commune”, reconnaît l’administrateur Kaci Mokrane qui tente tant bien que mal d’être au chevet d’une municipalité ouverte aux quatre vents de la protesta. Mais que peut-il faire avec les enveloppes rudimentaires qui lui sont allouées au titre de subvention ?

Comme son collègue d’Amizour, le premier responsable d’El-Kseur compense l’absence de programme de développement par une courtoisie et un contact étroit avec ses administrés qui lui ont fait éviter bien des déboires.
“Vous savez, même si je n’ai malheureusement pas grand-chose à offrir aux gens d’El-Kseur à cause de mes prérogatives très réduites, je peux tout de même m’enorgueillir d’avoir réussi à gagner le respect des citoyens qui ont compris que je n’ai pas la clé de leur problème.”

Après deux années de gestion administrative de sa commune, Kaci Mokrane est arrivé à la même conclusion que son ami d’Amizour et tous leurs collègues qui ont pris les destinées de leurs mairies en Kabylie : “C’est dur, il faut un vrai maire...” Dans la bouche de l’administrateur d’El-Kseur, cette phrase prend le ton d’une délivrance, d’une supplique à l’adresse des pouvoirs publics. La sonnette d’alarme tirée, M. Kaci exhibe tout de même et fièrement un petit bilan positif à son actif.

Il se fait fort d’avoir mené à terme des projets qui sommeillaient d’après lui depuis 1999. À l’image de ce lycée de 1 300 places qui sera ouvert à la prochaine rentrée scolaire, l’éclairage public et autres aménagements urbains. Il faut dire qu’ici à El-Kseur, le chômage n’a pas atteint la cote d’alerte comme partout ailleurs.
La zone industrielle privée a absorbé une bonne partie de jeunes désœuvrés. “Les patrons privés viennent à chaque fois qu’ils ont besoin de main-d’œuvre prendre des jeunes recensés à notre niveau”, reconnaît Kaci, pendant que d’autres, profitant de l’absence de l’État, se sont lancés dans le marché informel. En effet, la ville d’El-Kseur connaît une prolifération d’échoppes tenues par des jeunes sans aucun papier.

Autre phénomène qui illustre le laxisme de l’État : les commerçants de cette municipalité ne s’acquittent pas de leurs redevances depuis le début des évènements. Motif ? La direction des impôts a été transférée au chef-lieu de wilaya. Résultat : ces derniers refusent de se rendre jusqu’à Béjaïa et en sus pour... payer.
Une situation qui se traduit par un manque à gagner important pour la mairie dont les recettes fiscales constituent un petit pactole en ces temps de vaches maigres. Cependant, ici à El-Kseur, la crise de logement figure en pole position des préoccupations des citoyens et de “l’APC”.

D’ailleurs, l’administrateur d’El-Kseur a dû interrompre une réunion de la commission d’attribution des logements présidée par le chef de daïra pour nous recevoir. Mokrane Kaci avoue qu’il est extrêmement difficile de distribuer 20 logements pour une demande sociale estimée à 1 518 citoyens. “Que voulez-vous que je fasse ? je suis un commis de l’État et, franchement, je ne souhaite pas du tout être maire un jour.” Et pourtant...

Par Hassan Moali, Liberté