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Hommage à Massinissa Guermah

lundi 19 avril 2004, par Hassiba

Ils étaient plusieurs centaines de personnes à se rendre, hier, dans la matinée au paisible village d’Agouni Arous, dans la commune d’Aït Mahmoud, pour se recueillir sur la tombe du premier martyr du printemps noir, Guermah Massinissa, assassiné le 18 avril 2001 dans l’enceinte de la brigade de gendarmerie de Béni Douala.

Tôt dans la matinée, déjà tout le village était mobilisé pour préparer la commémoration de cet événement devenu l’un des repères les plus importants dans le combat contre la “hogra” et surtout pour l’instauration de la démocratie en Algérie.

À l’entrée du village, on apercevait déjà des banderoles noires sur lesquelles étaient inscrits les slogans chers au mouvement citoyen, et au centre, les habitants s’occupaient de l’accueil et de l’organisation des nombreux véhicules qui affluaient vers le lieu du recueillement.
La foule, qui commençait à se former sur les lieux, était composée de lycéens, de nombreux citoyens venus des différentes localités de la Kabylie, des parents de martyrs, des délégués des différentes coordinations de wilaya et des personnalités de différents horizons à l’instar du premier responsable du MDS, El Hachemi Chérif.
Après le dépôt d’une gerbe de fleurs, vers 13h, à la mémoire du premier martyr du printemps noir, les nombreux délégués de l’interwilayas ont pris successivement la parole pour un rappel des évènements qui ont secoué la région et ayant engendré une crise qui entame, désormais, sa quatrième année, et également pour réitérer l’exigence portant le jugement des assassins et les commanditaires de tous les martyrs du printemps noir par les juridictions civiles comme prévu dans la plate-forme d’El-Kseur.

Dans la déclaration lue en cette occasion d’ailleurs, la coordination d’Aït Mahmoud a tenu à rappeler qu’ “elle n’a jamais accepté et n’acceptera jamais le simulacre de procès dont a fait objet l’assassin de Massinissa et le verdict rendu par le tribunal militaire de Blida, à savoir deux années d’emprisonnement pour un crime délibéré”.
La prise de parole, organisée en la circonstance, était aussi une occasion pour les délégués des archs pour lancer un appel “fraternel” à l’union et à la réunification des rangs du mouvement citoyen qui a éclaté, en octobre dernier, suite à l’appel au dialogue lancé par le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia. “Le mouvement citoyen est un mouvement rassembleur et ses portes sont ouvertes à tout le monde sans exception”, a martelé Mouloud Chebheb, sans doute, en destination des coordinations qui se sont opposées au dialogue. Pour lui, il est plus que jamais nécessaire de “serrer les coudes”, car estime-t-il, “la division ne profite qu’au pouvoir qui persiste dans ses manœuvres machiavéliques”.

Rachid Allouache, quant à lui, a mis l’accent sur la poursuite du combat pour honorer la mémoire de tous ceux qui se sont sacrifiés pour qu’un régime démocratique soit consacré en Algérie tout en insistant sur la nécessité d’être plus que jamais vigilant “pour éviter de faire de chaque printemps un Printemps noir”.

Belaïd Abrika, relayé par de nombreux parents de martyrs qui n’ont pas manqué de lancer, eux aussi, des appels à l’union, offrait, à lui seul, la possibilité de poursuivre ce combat qu’ils estime encore très long. La coordination de Aïn El-Hammam, qui n’a pas voulu rester en marge de cet événement, a rendu publique une déclaration appelant toutes les personnalités crédibles de la région à se retrouver dans une conférence régionale pour débattre des perspectives afin de sauver le pluralisme politique et la plate-forme d’El-Kseur qu’elle dit “en danger” après la réélection de Bouteflika.

Les commémorations ne sont qu’à leurs débuts, puisque d’autres activités sont prévues telles que la grève générale et la marche de demain, 20 avril.

24e ANNIVERSAIRE DU PRINTEMPS BERBÈRE
Tizi Ouzou veut maintenir la flamme
Comme chaque année, la journée du 20 avril est commémorée avec faste en Kabylie. ll n’y a pas une région où l’on n’a pas concocté un programme de festivités.
Objectif : perpétuer le souvenir de cette date repère dans l’histoire de la lutte démocratique. Au chef-lieu de wilaya, une semaine de l’amazighité, organisée par le mouvement associatif se tient depuis samedi à la maison de la culture. Dédiée à l’ensemble des martyrs de la démocratie et de l’amazighité, cette manifestation sera clôturée le 20 avril par l’inauguration d’une stèle à l’effigie de Mouloud Mammeri. La même journée sera marquée par une grève générale et une marche populaire à Tizi Ouzou.

Samir Leslous, Liberté