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Kabylie : Les aârouch à Bouira

mardi 11 mai 2004, par nassim

En ébauche depuis la première réunion de travail tenue avant-hier à Bouira-ville (Kabylie), le document de réflexion, qui a donné du pain sur la planche à la commission qui en a la charge, commence à prendre forme.

Le projet en chantier implique aujourd’hui, au troisième jour de son entame, quatre sous-commissions qui se sont réparti la tâche de rédiger chacune son document, selon un plan préétabli. L’objectif, assigné à une telle démarche, explique un des rédacteurs, est de pouvoir être en possession d’un maximum d’idées lors de notre prochaine réunion, mercredi prochain.

Des assemblées générales seront organisées, ajoutera-t-il, à travers plusieurs localités de la wilaya pour se concerter avec la base citoyenne et lui donner la chance d’enrichir le document provisoire sur lequel la CCCWB se prononcera pour concrétiser éventuellement son adoption locale avant qu’il ne soit soumis à l’appréciation de l’interwilayas le 20 mai prochain à Sidi Aïch. Au niveau des villes de Taghzout, Bechloul, M’chedallah et Raffour, les délégués chargés de cette mission tentent plusieurs contacts avec les populations pour associer toutes les forces démocratiques à la prochaine prise de décision, d’où naîtront justement les nouvelles stratégies de lutte pacifique par lesquelles le mouvement citoyen compte aller jusqu’au bout de ses exigences. A ce titre, les aârouch s’occupent à demander l’avis de tous les citoyens, à l’exemple de la conférence-débat animée tout récemment à Bouira-ville, pour faire le bilan de trois années de combat et établir, en quelque sorte, un diagnostic de la nouvelle donne politique marquée, précisent-ils, par la reconduction du même système politique et la réélection du même Président. Pour Djaâfar Abdedou, délégué de Taghzout, l’élaboration d’un tel document est justement pour définir les nouvelles stratégies de lutte qui s’accommodent avec la politique de « l’autoritarisme et de la division » à laquelle, dit-il, « n’ont eu de cesse à recourir ces despotes pour soumettre la majorité silencieuse et étouffer la voix discordante de la minorité rebelle ». D’autres délégués trouvent, pour leur part, que « face à un pouvoir qui a toujours fait bonne mesure de la violence, il s’agit désormais d’adapter de nouvelles stratégies qui ne lui donnent plus, soutiennent-ils, cette légitimité de recourir à la matraque ». Des caravanes de sensibilisation sur le véritable sens de la plate-forme d’El Kseur, des distributions de tracts pour les usagers des voies routières importantes sont, entre autres, des perspectives pour élargir le mouvement citoyen à d’autres régions du pays où, estime-t-on, « un véritable déclic s’opère qui fait prendre conscience aux Algériennes et Algériens que leur destinée commune est liée à la réussite de ce combat ». Dans le document, anticipe-t-on d’ores et déjà, il sera question de mentionner les failles relevées dans les activités passées du mouvement né des événements sanglants de Kabylie.

Badis Moussaoui, Le Matin