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Kabylie : Les candidats persona non grata

Les délégués des aârouch l’ont déclaré lors du meeting interwilayas organisé à Akfadou

lundi 15 mars 2004, par Hassiba

Les délégués de l’interwilayas sont décidés à faire barrage aux candidats à la prochaine présidentielle en Kabylie pour « désavouer cette échéance électorale qui n’apportera aucune solution aux problèmes dans lesquels pataugent les Algériens ».

C’est, en effet, l’argument avancé par les représentants des aârouch lors du meeting interwilayas organisé par la Coordination intercommunale des citoyens de la wilaya de Béjaïa (CICB) à Akfadou, samedi passé en fin de journée, concernant l’interdiction aux candidats de mener campagne en Kabylie.

Belaïd Abrika, Farès Oujeddi, Bezza Benmensour, Khoudir Benouaret, Yazid Mehdi et de nombreux autres délégués des aârouch ont tenu un discours offensif à l’égard du Président-candidat qui, selon eux, veut à tout prix rester au trône pour se venger du peuple qui ne l’a jamais porté dans son cur ni voté pour lui. Intervenant le premier, Farès Oujeddi a déclaré que « la mobilisation assidue des citoyens depuis le déclenchement des
évènements du Printemps noir est une preuve suffisante pour que Bouteflika comprenne que le peuple ne veut plus de lui ».

« Bouteflika attend la dernière gifle que lui infligeront les citoyens. Nous la lui donnerons le 8 avril prochain ! », tonnera le délégué d’Akfadou, avant d’ajouter : « Les jeunes qui sont sortis dans la rue contre la hogra savaient que leur combat ne serait pas vain. Le rejet de l’élection présidentielle va disqualifier définitivement le Pouvoir. »

Lui succédant, Yazid Mehdi, délégué de l’interquartiers de Béjaïa-ville, abondera dans le même sens :
« Nous n’allons pas rester les bras croisés et laisser ceux qui ont réprimé, assassiné et emprisonné injustement des jeunes se reconduire à travers une élection
fantoche. » Alors que les délégués continuaient à intervenir, la foule, impressionnante, acclamait à gorge déployée et sans cesse :
« Ulac l’vot ulac ! (pas de vote), Bouteflika berra ! ». Il faut dire que les représentants des aârouch étaient émus devant cette formidable mobilisation puisque des jeunes sont venus même des villages avoisinants pour écouter leur discours sur le rejet du vote du 8 avril.

D’ailleurs, les organisateurs nous ont avoué qu’ils ne s’attendaient pas à une telle mobilisation un jour de début de semaine. Bezza Benmensour axera son intervention autour de la démarche que compte suivre le mouvement citoyen avant et après le 8 avril afin de « faire barrage à l’élection présidentielle ».

Pour l’orateur, tant que les revendications de la plate-forme d’El Kseur ne sont pas toujours prises en charge par l’Etat algérien, aucune élection ne pourra être acceptée. « Que les candidats sachent que les citoyens ne valideront jamais la fraude et l’arnaque électorale. Notre mot nous l’avons dit et nous ne reculerons pas », dira-t-il sur un ton ferme. Lorsque Belaïd Abrika a pris la parole, les jeunes se sont mis à scander en chur : « Assa azeka Belaïd illa illa (aujourd’hui ou demain Belaïd existera) ». Sous les ovations continues des présents, Belaïd Abrika déclarera que « tant que les jeunes sont déterminés à nettoyer leur pays des traîtres et des dictateurs, la lutte se poursuivra pour instaurer une véritable République en Algérie ». Le délégué de Tizi Ouzou dénoncera les candidats qui « continuent à se leurrer en participant à une élection que Bouteflika a fabriquée pour s’offrir un second mandat ».

Il avertira par la suite les candidats qui oseraient mettre leurs pieds en Kabylie. « Car, estime Belaïd, dans cette région, il y a eu mort d’homme ». « Nous n’avons pas besoin de faire des démonstrations de rue. Tous les Algériens, au Sud et au Nord, à l’Est comme à l’Ouest, sortent quotidiennement dans la rue pour dénoncer la hogra. Qu’attendent les candidats pour comprendre cela ? C’est un changement radical que la population veut », clamera Abrika. A la fin de cette rencontre avec les citoyens d’Akfadou, les organisateurs ont promis de mener une campagne antivote « plus houleuse » dès jeudi prochain.
Signalons, enfin, que les délégués de la CICB ont programmé d’autres meetings antivote pour ce lundi à Souk
El Tenine, Kherrata et Tifra.

Mourad Bektache, Le Matin