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L’envoyée de Kofi Annan depuis hier à Alger

mardi 30 mars 2004, par Hassiba

Donatela Guibilaro est arrivée hier après-midi à Alger. Ce membre de l’Organisation des Nations unies vient pour le compte du secrétaire général Kofi Annan. Elle fait partie d’une centaine d’observateurs internationaux dépêchés en Algérie pour la surveillance de l’élection présidentielle.

Une cinquantaine de représentants de l’Union africaine lui emboîteront le pas jeudi alors que 64 autres délégués par La ligue arabe sont attendus le 3 avril. Suivront le 6 avril, 5 députés des principaux groupes du Parlement européen assistés de 3 fonctionnaires ainsi que Bruce Georges, président de l’Assemblée parlementaire de l’Organisation pour la sécurité et la coopération européenne (OCDE). Sheila Jackson, membre du Congrès américain, clôturera cette procession, la veille du scrutin.

Quel sera l’impact de tout ce beau monde sur le rendez-vous du 8 avril ? En faisant appel à des observateurs internationaux, l’État algérien cherche à obtenir la caution étrangère quant au déroulement d’une élection transparente et équitable. “Nous n’avons rien à cacher”, s’est targué Yazid Zerhouni, dimanche dernier. Pour le ministre de l’Intérieur, l’implication d’organisations internationales et d’un pays comme les États-Unis dans une échéance aussi cruciale constitue une garantie supplémentaire qui accréditera à coup sûr le résultat des urnes. Tel est le vœu d’Alger.

Cependant, les disparités dans le nombre des observateurs, leur provenance, selon qu’ils soient issus de l’environnement régional immédiat, plutôt acquis au gouvernement en place ou de l’Europe et de l’Amérique, plus neutres, réduisent leur mission à une présence purement symbolique. En tout état de cause, il est à se demander comment cette grappe d’émissaires se débrouillera pour surveiller quelque 44 000 bureaux de vote répartis à travers le territoire national. Ce constat était fait en 1995, quand un nombre similaire d’observateurs fut convié pour la première élection présidentielle pluraliste.

À cette époque, cette invite avait valeur d’assurance sur l’irréversibilité du processus démocratique. Elle constituait un signal fort en direction du monde sur l’engagement d’une Algérie - vilipendée par de nombreuses ONG des droits de l’Homme - sur la juste voie. Près d’une décennie s’est écoulée depuis. Si pour la première fois dans l’histoire du pays, un président arrive à la fin de son mandat et se présente à sa propre succession, les nombreux remous et les cisailles dans l’édifice institutionnel montrent que le chemin vers la mise en place d’un système républicain bâti sur les principes de l’alternance au pouvoir est encore long.

En dépit des multiples mécanismes introduits pour assurer un scrutin libre, le spectre de la fraude hante de nombreux candidats. Si fraude il y a, les observateurs internationaux n’y verront rien. Aussi, l’ONU en se contentant d’une seule observatrice n’entend pas avaliser une issue électorale dont elle ne maîtrise pas tous les tenants et les aboutissants.

À ce titre, Donatella Guibilaro est uniquement chargée de la rédaction d’un rapport interne qu’elle remettra à son patron. Comme ses collègues européens, elle n’ira pas dans les centres de vote mais se limitera, durant son séjour, à des entrevues avec les principaux intervenants dans le scrutin, à savoir les représentants du ministère de l’Intérieur, la Commission nationale de surveillance des élections, les ONG et les médias.

S. L. /S. T., Liberté