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L’espoir fou du makhzen

vendredi 2 avril 2004, par Hassiba

Je vous rappelle brièvement sur quoi repose le makhzen : sur l’allégeance ! Dans le règne du makhzen, les gouverneurs ont tous les droits, y compris de voler l’argent public à condition d’y mettre les formes minimales, sur les territoires dévolus par le roi.

Ils ont pour seule obligation de fournir une partie de l’argent des impôts. Tout argent appartenant à la communauté est distribué selon la même règle. Les groupes, les zaouïas, les tribus, les arouch doivent prêter allégeance et jurer fidélité.

Je vous en ai déjà parlé quand je prévenais que l’agression contre le FLN lançait une tentative de coup d’Etat. Tout ce qui a suivi l’a confirmé. Dans la tête de Bouteflika, il s’agissait de posséder un pouvoir de type makhzen dont le Maroc représente encore le dernier exemple. Les liseurs de motions de soutien, les zaouïas, les appareils vides du RND et de l’UGTA, le MSP divisé et bien d’autres encore ont respecté cette règle de faire allégeance à un homme. En acceptant de perdre toute personnalité, toute fierté, toute pensée, toute liberté. Bouteflika, sans le vouloir, a avoué ce trait de son caractère et cette idée qu’il a du pouvoir.

A un journaliste d’une chaîne qatarie, il a comparé le comportement de Benflis à celui de Brutus. Cela veut dire qu’il se prend pour César, l’empereur romain qui avait colonisé la Gaule, c’est-à-dire à peu près la France actuelle. La façon de gouverner de César est restée un exemple. Il savait toujours obliger le Sénat romain à lui obéir en mobilisant le peuple contre lui grâce au pain et aux jeux. Pour mes jeunes lecteurs qui ne le savent pas, Brutus était le fils adoptif de César. Il a fini par le tuer. En se comparant à César, Bouteflika découvre cette facette qu’on lui soupçonnait que les militants du FLN ne sont pas des hommes libres de se choisir leurs idées et leurs chefs, mais ses créatures, ses sujets, ses esclaves. Acceptez de le devenir et vous aurez tout. Résistez-lui et il essayera de vous écraser.

Beaucoup de walis, beaucoup de hauts responsables, beaucoup de hauts fonctionnaires dans tous les secteurs ont compris cette tendance lourde du président actuel. Ils sont en train de l’aider à achever son coup d’Etat en continuant d’utiliser les moyens de l’Etat, d’instruire les agents de l’Etat pour laisser faire des bandes organisées et armées agresser les autres candidats. Ils espèrent ainsi gagner ou garder les postes qui leur permettront de créer le makhzen et se comporter en seigneurs sur la terre de Boudiaf. Les agressions se multiplient suite aux discours de haine de Bouteflika, à croire qu’il cherche à faire annuler ces élections qui annoncent sa défaite. Il est temps de mettre fin à la démence qui s’annonce avant que les agresseurs impunis ne passent à l’acte meurtrier.

Mohamed Bouhamidi, Le Soir d’Algérie