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La “deuxième république” de Bouteflika

mardi 16 mars 2004, par nassim

Le Chef de l’État a annoncé les principaux axes de son programme, s’il est réélu. Le Président-candidat Bouteflika était, hier, l’invité de l’émission de l’ENTV, Baramidj.
L’occasion pour lui de faire des annonces fortes dans le cas où il serait réélu pour un second mandat.

Bouteflika annonce sa “deuxième République”. Ainsi, a-t-il fait part de son intention de procéder à la révision de la Constitution, estimant que l’actuelle première loi du pays est “hybride”. Bouteflika est partisan d’un régime présidentiel fort, car, explique-t-il, “quand un problème se pose dans une région du pays, le citoyen s’adresse à la présidence de la République”.

Le Président compte remodeler la Constitution pour s’arroger davantage de pouvoirs. Concernant le remodelage de la carte politique, qu’il considère comme nécessaire, il estime, néanmoins, que celle-ci ne peut intervenir que dans un climat empreint de sécurité. S’agissant du champ médiatique, Bouteflika s’est montré particulièrement opposé à son ouverture.

Pour lui, le pluralisme médiatique, dans la presse écrite est un mauvais exemple. “L’ouverture de l’audiovisuel pourrait mettre en danger l’unité nationale”, explique-t-il comme pour justifier son opposition à l’ouverture dans ce secteur. Le candidat Bouteflika a clairement laissé entendre, hier, que durant son nouveau règne, la presse privée n’aura pas droit de cité.

À propos de l’officialisation de tamazight, Bouteflika estime que la question relève de la volonté du peuple algérien, c’est-à-dire qu’il est partisan d’un référendum. “Je ne peux pas concevoir qu’un pays comme le nôtre, caractérisé par son unité, puisse avoir deux langues officielles”, argumente-t-il en mettant en relief ce qui a été réalisé pendant son mandat dans ce domaine, notamment la consécration de tamazight en tant que langue nationale et les moyens mis par l’état pour la promotion de son enseignement.

Au sujet de l’élection présidentielle, il considère que toutes les garanties sont réunies pour que le scrutin se déroule dans des conditions à même d’assurer sa crédibilité.
À une question relative au risque de voir le processus électoral interrompu, Bouteflika, visiblement agacé, a martelé en brandissant son doigt : “Je le dis et le répète devant l’opinion nationale et internationale, il n’y aura pas d’interruption du processus électoral.” Interrogé sur la dernière sortie du chef d’état-major, Bouteflika ne s’est pas montré particulièrement disert, rappelant que l’armée observera la neutralité. Il n’omet pas néanmoins de souligner que “le peuple reste souverain”. Une manière peut-être de dire à la “grande muette” qu’elle doit cesser d’être la faiseuse de rois, lui qui a été désigné par les généraux en 1999 ?

Sur le plan économique, Bouteflika a réitéré son intention d’aller vers plus de libéralisation, tendance universelle, tout en préconisant l’association du partenaire social.
Au sujet de l’emploi, il a rappelé que pas moins d’un million d’emplois sont créés pendant son mandat et il en promet autant dans la cas où il serait réélu. Il promet également la réalisation d’un million de logements.
Au sujet de l’investissement étranger dans notre pays, il reconnaît que la bureaucratie a entravé le processus qui fait qu’aujourd’hui, les étrangers ne sont intéressés que par les hydrocarbures, où ils réalisent de gros bénéfices.
Dans d’autres secteurs, explique-t-il encore, ils exigent des exonérations fiscales, ce que, relève Bouteflika, “les Algériens ne sauraient accepter”.

Par Rédaction de Liberte