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Le FIS au secours de Bouteflika

mercredi 24 mars 2004, par Hassiba

Rabah Kebir, l’un des chefs du FIS qui regroupe les « émirs » du bras armé de l’AIS, condamné à mort par contumace par la justice algérienne en 1993, a appelé à voter pour le candidat Abdelaziz Bouteflika lors de l’élection présidentielle du 8 avril.

Dans cet appel diffusé hier mardi, il exhorte « les fils du Front islamique du salut et le peuple algérien à voter massivement en faveur du Président-candidat Abdelaziz Bouteflika, et ce, au service de l’Algérie ». Il motive cette déclaration par « la nécessité de donner la chance à l’homme de la concorde afin qu’il puisse terminer son projet de promouvoir la concorde civile en réconciliation nationale ».

Retour d’écoute attendu de ce chef de l’AIS d’autant que depuis le premier jour de la campagne, tout le discours de Bouteflika reste rivé sur la concorde nationale, accentué par des chapelets de menaces à l’encontre de la presse indépendante qu’il a qualifiée de « terroriste ». Hier seulement à Bouira, il a appelé à « la réalisation du passage de la concorde civile à la réconciliation nationale », démarche politique qui vise à réhabiliter le FIS dissous et pour laquelle le parti d’Abou Djerra Soltani, Hamas, a réalisé une alliance stratégique avec Bouteflika.

Dans son discours d’une virulence islamiste avérée tenu à l’émission « Baramidj », il y avait de quoi rameuter les troupes du noyau dur des islamistes du FIS qui ont vite fait de répondre pour lui prêter main-forte dans le bâillonnement des libertés : « Je n’ouvrirai pas les médias, je n’agréerai pas d’autres partis et tamazight porte préjudice à l’unité nationale. »

Le candidat Bouteflika ne cache plus son projet islamiste. Les incessants appels au couronnement de la réconciliation nationale, au moment même où il est lâché par l’institution de Lamari et a perdu tout soutien des capitales étrangères au point où l’ambassade d’Angleterre à Alger vient de fermer ses portes par crainte d’attentats terroristes, sont adressés aux terroristes du GIA et du GSPC, les seuls soutiens qui lui restent à son actif. Au début de ses visites de précampagne électorale, des rencontres ont été organisées par son clan avec l’un des « émirs » de l’AIS, Madani Mezrag qui, certainement, apportera son soutien à Bouteflika suite à cet appel de Rabah Kebir. Dans cette quête des appuis islamistes, un autre chef de l’AIS, Mustapha Kertali, s’est vu gratifié par la délivrance d’un passeport pour un pèlerinage à La Mecque.

Le candidat Bouteflika veut brasser large dans les milieux islamistes, y compris dans la ceinture internationale de l’islamisme puisque Hamas ne lui a apporté son soutien qu’après avoir consulté l’Internationale islamiste.

Abassi Madani qu’il a fait fuir en Malaisie pour ensuite rejoindre Qatar lui a proposé une initiative « pour arrêter l’effusion de sang », même si le chef du FIS appelle au report des élections de la même manière que le fait son pseudo-rival Djaballah qui appelle, lui aussi, à la « réalisation de la vraie concorde nationale ».

Rachid Mokthari, Le Matin