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Le forcing du gouvernement Ouyahia

jeudi 18 mars 2004, par Hassiba

Officiellement, la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 8 avril 2004 débute aujourd’hui. Pour le Président-candidat, elle a débuté depuis quelque temps déjà, avec comme principal comité de soutien le gouvernement.

Hier, plusieurs ministres de l’Exécutif dirigé par Ahmed Ouyahia ont multiplié les sorties médiatiques pour vanter et, au besoin, faire le bilan « positif » des cinq ans de règne du Président sortant.

C’était le cas du ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères qui était l’invité du forum El Moudjahid. Par des rappels truffés d’omissions - exit l’échec du sommet de l’UMA - Abdelaziz Belkhadem a tenté de faire admettre aux journalistes et diplomates conviés à cette rencontre que grâce à ses incalculables voyages à travers le monde, le chef de l’Etat a redonné à l’Algérie « la place qui est la sienne dans le concert des nations ». Le numéro un de la diplomatie algérienne, qui aura fait de la figuration sous le règne d’Abdelaziz Bouteflika, ne doute pas un seul instant de la réélection de ce dernier, puisqu’il n’a pas manqué de souligner que « le Président-candidat compte visiter prochainement le Japon, la Roumanie et la Turquie ».

Le chef du « mouvement des redresseurs » du Front de libération nationale (FLN) n’a pas hésité un seul instant à outrager les morts des évènements de Sfax pour faire l’éloge de celui qui a passé son temps à diminuer les Algériens. L’islamiste Abdelaziz Belkhadem croit bon de souligner que Abassi Madani a été reçu en tant que « hadj » par le roi Fahd de l’Arabie Saoudite. Seul argument qu’il a trouvé pour justifier la faiblesse du département qu’il dirige et les privilèges accordés par le Président de la République au numéro un du parti dissous. La mission dévolue à Abdelaziz Belkhadem hier était la même que celle assignée à Khalida Toumi, bien que les moyens à cette fin diffèrent. La ministre de la Communication et de la Culture a fait en sorte de « ramener » Béjaïa à Alger pour le Président-candidat.

Il a inauguré, hier, au Palais de la culture, « la semaine culturelle béjaouie ». Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, a offert au Président-candidat une autre occasion de discourir en lui faisant inaugurer « la cité des sciences et des arts » d’Alger. Un geste qui paraît insignifiant devant celui fait par le département de Boubekeur Benbouzid. Le sujet de français donné aux élèves de terminale d’un lycée de Laghouat était axé sur la présidentielle, plus particulièrement au Président-candidat (voir article de Nadir Bensebaâ).

Abdelhamid Temmar n’a pas manqué non plus de « défendre » le bilan du Président sortant et a même conseillé aux membres de la confédération des industriels et des investisseurs algériens (Cipa) de voter « Bouteflika ». Alors que Saïd Barkat, ministre de l’Agriculture, était hier à Mostaganem pour y inaugurer « une station de protection des végétaux ».

A Khenchela, Nourredine Bounouar, ministre du Tourisme, accordait une enveloppe de 30 millions de dinars « pour restaurer les piscines romaines ». Le ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels, El Hadi Khaldi, en présence de la ministre déléguée auprès du chef du gouvernement, chargée de la famille et de la Condition féminine, Nouara-Saâdia Djaffar, a réuni le mouvement associatif à l’occasion de la signature d’une convention cadre avec l’association Iqra. Ces sorties tous azimuts sur le terrain des ministres de l’Exécutif dirigées par le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND) sont intervenues un jour après la conférence de presse donnée par Ahmed Ouyahia.

Pour rappel, ce dernier avait indiqué que tout est fin prêt pour que les élections se déroulent « en toute transparence ».

Saïda Azzouz, Le Matin