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Le secteur de la santé en souffrance à Tizi Ouzou
mercredi 17 mars 2004, par
La wilaya enregistre un manque flagrant d’effectifs spécialisés.
La prise en charge des malades affluant vers les différentes structures de la santé dans la wilaya de Tizi Ouzou s’avère de plus en plus impossible. À la saturation de ces infrastructures et au manque flagrant d’équipements nécessaires, s’ajoute l’épineux problème du manque d’effectifs spécialisés. Le nombre de 1 201 médecins et environ 3 000 paramédicaux exerçant sur tout le territoire de la wilaya semble être insuffisant pour prendre en charge une population dépassant le 1 200 000 habitants.
Le Centre hospitalo-universitaire Mohamed-Nedir, du chef-lieu de la wilaya, semble être le plus touché par le manque en moyens humains. Pour ses responsables et ses praticiens, la solution doit passer inéluctablement par la réorganisation de l’hôpital et la mise à niveau de tous ses services. Cette opération, dite de sauvetage, consiste, selon eux, à renforcer tous les services en moyens matériels et surtout humains. Ce que le ministre de la Santé, M. Redjimi, a estimé impossible en raison du budget alloué au ministère de la Santé qui, selon lui, ne permet pas de dégager une enveloppe plus conséquente. C’est pour cette raison aussi que le ministre a répondu négativement à la demande d’éponger, du moins en partie, la dette qui pèse sur l’hôpital. Celle-ci s’élève, selon les gestionnaires de cette structure, à plus de 200 millions de DA, dont plus de la moitié est générée par le centre d’hémodialyse qui est sollicité par plusieurs wilayas. Pour mettre fin à cette situation, deux centres supplémentaires de dialyse ont été programmés à Draâ El-Mizan et Azazga. Dans ce même programme, dit de réhabilitation du secteur de la santé dans la wilaya, un centre de cancérologie ainsi qu’un autre de chirurgie à l’hôpital de Belloua ont été programmés, parmi les dix-sept opérations enregistrées pour l’année 2004. Les autres opérations portent, pour la plus part, sur l’équipement et le réaménagement des services déjà existants.
Plusieurs autres insuffisances et problèmes ont été relevés au niveau des différents centres hospitaliers de la wilaya. Celui de la clinique Sbihi s’avère des plus importants car, en plus du manque flagrant d’équipements et de spécialistes en chirurgie et en gynécologie obstétrique, celle-ci est encore à la recherche d’un statut. L’autonomie de cette clinique, comme revendiqué par son responsable, ne peut lui être conférée, selon M. Redjimi, que dans le cadre de la prochaine loi sur la santé. Le manque des effectifs spécialisés est l’autre problème soulevé au niveau de toutes les structures de la santé de la wilaya. Leurs responsables déplorent surtout l’absence de plan de carrière et de prise en charge socioprofessionnelles des médecins. Ce sont ces mêmes raisons qui, selon les quelques spécialistes exerçant encore au CHU de Tizi Ouzou, ont poussé un grand nombre de leurs collègues à fuir la région. Pour ces spécialistes dont le nombre est de 7 maîtres magistraux et 88 maîtres assistants, il devient de plus en plus impossible d’assurer à la fois sa fonction médicale et la formation universitaire.
Selon certains avis, les promesses du ministre ainsi que les projets programmés pour cette année, ne suffisent pas pour venir à bout de tous les maux qui rongent le secteur de la santé dans la wilaya de Tizi Ouzou, “Ce qu’il faut, c’est un programme spécial pour la région”, disent-ils.
Samir Leslous, Liberté