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Le viol des femmes par les terroristes

vendredi 19 mars 2004, par Hassiba

La Maison du peuple a abrité, jeudi après-midi, une journée d’étude sous le thème « Un crime contre l’humanité : le viol des femmes par les terroristes », organisée par le réseau de réflexion et d’action en faveur des femmes et des enfants victimes de violence, Wassila, en collaboration avec la commission nationale des femmes travailleuses de l’UGTA.

« Droit éthique et viol : une coexistence complexe », « Les femmes : de zaouadj el moutââ au viol », « Le viol : un polytraumatisme », « Les conséquences du viol des femmes par les terroristes : quel règlement légal ? », « Le viol : un révélateur social et politique » tels sont les intitulés des communications présentées par des universitaires, chercheurs, médecins psychologues, représentantes d’associations et ce, en présence de figures emblématiques du combat féminin comme Louisa Ighilahriz, Djanine Belkhodja, Fatima Ouzeguène, etc.

Dénoncer le silence de la loi face à ce phénomène aux conséquences transgénérationnelles, exiger une définition claire des droits des victimes de l’innommable ont constitué le leitmotiv de cette rencontre. Pour Mme Oussedik, enseignante -chercheur, qui a fait une approche comparative en expliquant la problématique de ce phénomène en situation de guerre à travers les trois conflits contemporains (l’ex-Yougoslavie, le Rwanda et notre pays), « Le viol est une instrumentalisation de l’intégrisme en Algérie. »

A cet effet, elle précisera que pour le cas du viol dans le cadre du terrorisme, il y a deux situations à considérer. D’une part, celui-ci est un moyen de motivation du groupe par l’utilisation des femmes comme butin de guerre prises avec les biens de l’ennemi. En somme, une prostitution forcée, légalisée par une prescription intégriste, une sorte de fatwa qui prône le mariage pour légitimer les viols collectifs. L’autre aspect du viol, celui commis dans le cadre des exactions terroristes est motivé par la dévastation.

« En visant la femme, garante de la culture, de l’éducation, c’est l’honneur, la virilité et la dignité du père, du mari et de la communauté tout entière qui sont ciblés », dira-t-elle. D’autres intervenantes se sont relayées pour rapporter les témoignages bouleversants des victimes de l’innommable et s’élever contre ces lois « qui parlent des coupables et des bourreaux en oubliant les victimes ». « La grâce amnistiante n’est qu’un moyen d’imposer le silence à la société afin qu’elle refoule ses souffrances », a clamé une participante.

Le Pr Fadéla Chitour conclura : « Le code pénal n’a pas défini le viol. Il faut le définir comme crime. C’est aux victimes d’amnistier ! » Avant de paraphraser la présidente de la Sarp, Mme Bouatta, qui déclara : « De la violence de la mémoire, on doit arriver à la mémoire de la violence. »

Z. Silem, Le Matin