Accueil > ALGERIE > Marche et meeting hier contre le vote à Souk Oufella (Sidi Aïch)

Marche et meeting hier contre le vote à Souk Oufella (Sidi Aïch)

« Le combat commencé par nos martyrs ne sera pas vain »

lundi 22 mars 2004, par Hassiba

Les citoyens de la Soummam étaient hier au rendez-vous de la marche à laquelle a appelé le mouvement citoyen de la wilaya de Béjaïa.

En effet, des centaines de citoyens ont marché dans la commune de Souk Oufella à la mémoire du martyr Bettar Yacine, assassiné par des gendarmes le 21 mars 2002. Une action qui s’est déroulée sous le slogan : « N’oublions pas le combat de nos martyrs ! »

C’est à 9 h que des grappes de jeunes se sont rassemblées au village Ayaten attendant le coup d’envoi de la marche. Le ton a été donné dès le départ de la manifestation. La foule compacte qui se dirigeait vers le chef-lieu de la commune de Souk Oufella, sur un parcours d’environ 2 kilomètres, scandait comme une seule voix « Ulac l’vot ulac ! Yacine illa illa ! »

De larges étendards noirs étaient brandis par les jeunes aux côtés des portraits des martyrs du Printemps noir. Sur une grande banderole déployée le long du parcours, on peut lire : « La Kabylie terre des martyrs. Nous ne trahirons jamais le noble combat de nos aînés ! » Arrivée au niveau du siège de l’APC de Souk Oufella où se trouve la tombe du martyr Yacine, la procession conduite par des délégués du mouvement citoyen s’arrête. Après une minute de silence, deux gerbes de fleurs ont été déposées sur la tombe du martyr.

Emu par cette immense mobilisation, dda Mokrane, père de Bettar Yacine, s’adressant à la foule dira : « Tant que les revendications pour lesquelles mon fils et les autres sont morts ne sont pas satisfaites, je ne cesserai jamais de combattre dans le rue. » « Mon fils est mort pour la démocratie et contre la hogra », rappellera l’orateur. « Bouteflika est responsable de l’assassinat de nos enfants, je ne lui pardonnerai jamais la perte de mon fils », ajoutera-t-il sur un ton tranché. Des parents des martyrs des autres communes interviennent, eux aussi, pour appeler au rejet du vote prochain.

« Nous refusons de participer à aucune échéance électorale tant que la plate-forme d’El Kseur n’est pas satisfaite », clamera un parent de martyr de Chemini. Après cette action, les délégués des aârouch ont animé un meeting interwilayas durant lequel ils ont appelé les citoyens à se préparer pour la marche qui se déroulera à Béjaïa-ville le 5 avril prochain et à demeurer vigilants pour « déjouer les manuvres des barbouzes de Bouteflika qui veulent embraser la Kabylie pour justifier le chaos que le Pouvoir tentera de semer s’il vient à être disqualifié ».

Les intervenants ont axé leur discours sur le caractère pacifique du mouvement en dénonçant, cependant, « la provocation de certains candidats qui essayent de justifier le boycott de la population de leurs activités électorales par des accusations fortuites adressées à l’encontre des délégués du mouvement citoyen ». Pour les aârouch, « l’ennemi des Algériens demeure celui qui, durant cinq années de règne, a réalisé le record des atteintes aux droits élémentaires des citoyens ».

Notons, enfin, que la CICB tiendra aujourd’hui un conclave extraordinaire à Tazmalt pour préparer des actions à mener lors de la venue de Bouteflika dans la région et tracer un nouveau planning de meetings antivote.

Mourad Bektache, Le Matin