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Mission " accomplie" pour Bouteflika en Kabylie

jeudi 1er avril 2004, par Hassiba

C’est à quelques jours seulement d’une fin de règne annoncée que Abdelaziz Bouteflika a daigné refouler le sol de Tizi-Ouzou, cinq années après son historique “jamais tamazight dans la Constitution” ; une gravissime crise et 124 citoyens fauchés par les balles de ses forces de l’ordre... plus tard.

Une halte “tiziouzienne” exigée uniquement par les besoins de la campagne électorale que Bouteflika voulait symbolique.

Or, et comme il fallait bien s’y attendre, l’apparition de celui qui mettra la région à feu et à sang, trois années durant, a provoqué, hier mercredi, l’indignation et la colère de la population locale. De violentes émeutes ont ponctué cette “intrusion”. Ce, en dépit de l’impressionnant dispositif de sécurité ayant quadrillé la ville et d’un excès de zèle jamais égalé tant des services de sécurité qui ont isolé le chef-lieu du reste de la wilaya et de la clientèle opportuniste locale.
N’ayant pas pignon sur rue, les soutiens au présidentcandidat à Tizi-Ouzou conglomérés autour de “l’alliance opportuniste stratégique” ont dû torturer encore une fois les deniers de l’Etat pour faire acheminer des “Kabyles pro- Bouteflika” de l’ensemble des wilayas du centre du pays. Autant de provocations à la fois qui feront malheureusement renouer la mythique rue de Tizi Ouzou avec les émeutes après une année d’accalmie. Bien entendu, le cynisme et l’irresponsabilité de Bouteflika et de ses sbires s’étaient chargés du reste. Pendant que la ville brûlait, la maison de la culture de Tizi-Ouzou, autrefois symbole du combat pour la démocratie, les droits de l’homme et tamazight, était le théâtre d’une sinistre escroquerie. Alentour, un gigantesque et intraitable dispositif de répression.

Et dedans, celui qui a plongé la région de Kabylie dans la plus grave crise de son histoire, s’adressant à des “indus autochtones” et à la crème de l’opportunisme local. Tout cela juste pour les besoins des caméras de l’ENTV. Et ce ne sera pas tout, malheureusement. Dans l’après-midi même de cette journée mouvementée et devant la gravité de la situation, “la direction de campagne du candidat Abdelaziz Bouteflika s’illustre par un communiqué unique dans les annales. Elle nous y apprend - tenez-vous bien - qu’elle “s’enorgueillit de ce jour de fête (!!!) qui honore l’Algérie et de cette leçon de démocratie et de tolérance qui donne une belle image, la vraie, sur les traditions d’hospitalité et d’accueil de la Kabylie”.

Mieux (ou plutôt pire encore), la direction de campagne du candidat qui ne cesse d’assimiler les journalistes à des terroristes anticipe même quant à la teneur des comptes-rendus de la presse indépendante du lendemain (aujourd’hui jeudi ndlr). Appréciez “la direction de campagne du candidat (Bouteflika) qui s’élève énergiquement contre ces allégations (!!!) tient à rappeler que l’événement s’est tenu en présence d’un grand nombre de journalistes...”. Nous vous épargnons la leçon “sur l’éthique et la déontologie” que la direction de campagne s’est permise de donner aux journalistes dont il paraîtrait qu’elle “partage les idéaux”. Contrairement au candidat Abdelaziz Bouteflika ? Chiche

Kamel Amarni, Le Soir d’Algérie