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Ouyahia sur la tombe de Massinissa en Kabylie

lundi 18 avril 2005, par nassim

Le Chef du gouvernement déposera une gerbe de fleurs sur la tombe de la première victime du Printemps noir. Il s’agit là d’un geste politique fort de la part de l’État en direction de la Kabylie.

Fait inédit : le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia se recueillera et déposera une gerbe de fleurs, aujourd’hui,

La tombe du martyre Massinissa, Kabylie.

à Béni Douala (Tizi Ouzou) sur la tombe de Guermah Massinissa, apprend-on de diverses sources, hier, en fin d’après-midi. La rumeur s’est répandue la journée d’hier telle une traînée de poudre dans toutes les localités de la Kabylie. L’information a fini par être confirmée par des sources proches du Premier ministre. Certains animateurs du mouvement citoyen n’ont pas démenti la nouvelle. En fin de journée d’hier, la rumeur a laissé place au climat de préparation et d’attente de cérémonial “solennel” qui viendra marquer le quatrième anniversaire de l’assassinat de Guermah Massinissa, un certain 18 avril 2001, à l’intérieur de la brigade de gendarmerie. Ce crime resté impuni a provoqué la colère des populations de la Kabylie qui avaient décidé de ne pas laisser passer cette injustice.

La situation a vite dégénéré, et des émeutes se sont déclenchées un peu partout à Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira et une partie de Boumerdès. Ce soulèvement populaire, communément appelé Printemps noir, a causé la mort de 123 personnes par les balles des gendarmes. La naissance du mouvement citoyen avait permis de gérer la situation, éviter de nouvelles victimes et prendre en charge la revendication des populations. Après la réussite de la “marche noire” du 21 mai 2001, une plateforme de quinze points a été élaborée à El-Kseur. Ce document connu sous le nom de “la plateforme d’El-Kseur” devait être transmis aux plus hautes autorités du pays à l’issue de la marche du 14 juin 2001. Ce qui n’a pas eu lieu, et la manifestation a été réprimée dans le sang. Depuis, les deux parties, le pouvoir et le mouvement citoyen ont campé sur leurs positions.

Les uns par le mépris, l’entêtement et la sourde oreille, les autres par la poursuite du combat malgré la prison, la répression et ce, à travers diverses actions ponctuées par de multiples “conclaves” de l’interwilayas. Depuis janvier 2004, c’est le dégel entre le gouvernement et le mouvement citoyen. Un dialogue a été amorcé entre Ahmed Ouyahia et les vingt-quatre délégués du mouvement citoyen avant d’être subitement interrompu à la première divergence sur l’officialisation de tamazight, en dépit des acquis réalisés à travers la signature d’un protocole d’accord entre les deux parties sur les six incidences. Après les élections du 8 avril 2004, les passions se sont calmées de part et d’autre.

Le dialogue qui a repris il y a quelques semaines, depuis exactement le début de l’année en cours, est sur le point d’aboutir à la signature d’un protocole définitif portant mise en œuvre de tous les points contenus dans la plateforme d’El-Kseur. Les séances du groupe mixte gouvernement-mouvement citoyen reprendront le 24 avril prochain pour adopter les conclusions sur le volet économique et le statut des martyrs.

À propos de ce dernier point, il y a lieu de signaler qu’il ne reste plus qu’à s’entendre sur l’appellation officielle à attribuer aux victimes, même si d’ores et déjà certaines sources proches du mouvement affirment que la formule “victimes de la consolidation de l’identité nationale et de la citoyenneté” sera choisie. Les deux parties entameront ensuite les débats sur les articles 11 et 8 de la plateforme et l’officialisation de tamazight.
En attendant l’annonce des résultats définitifs des rounds de dialogue, il y a lieu de signaler que la Kabylie bénéficiera de deux plans économiques, le premier pour rattraper le retard dont l’enveloppe - plus de 22 milliards de dinars - a été dégagée par le Conseil des ministres en 2003 et le deuxième entre dans le cadre du programme quinquennal 2005-2009.

Une série d’autres mesures seront annoncées dans les prochains jours, dont la mise en place d’une structure permanente mixte gouvernement- mouvement citoyen pour le suivi de la mise en œuvre sur le terrain des décisions prises lors de ce dialogue et conformément à l’esprit et à la lettre de la plateforme d’El-Kseur et aux lois de la République.

Par Mourad Aït Oufella, liberte-algerie.com