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Pourquoi irons-nous voter ?

mardi 16 mars 2004, par Hassiba

Plus que quelques jours pour l’élection présidentielles, même si certains parlent de « l’élection présidentielle ». Deux questions à vingt centimes l’une : irons-nous voter ?

Si oui, pour qui ? Serait-on encore obligés de choisir le moins mauvais ? Bouteflika part favori, après avoir déblayé le terrain devant lui, il en est sûr, il y croit dur comme fer.

C’est « son domaine ». Il est « chez lui » (même si, chez lui c’est loin de l’Algérie), il rugit comme un tigre prêt à dévorer ceux qui oseraient lui ravir sa propriété, son titre (chèrement acquis grâce à la fraude), il s’est donné trop de peine à dépenser sans compter l’argent de l’Etat pour acheter les consciences achetables. C’est un mauvais joueur qui n’accepte pas la défaite, un mauvais boxeur dans un match truqué où il est sûr de gagner, où il est sûr que l’adversaire va « se coucher » à tel où tel round. Gonflé à bloc qu’il est le Boutef. Il ne sait peut-être pas que l’humeur algérienne reste imprévisible, et qu’à part les émasculés et les quelques larbins qui gravitent dans son entourage, il se trouve une majorité écrasante d’hommes avec un grand H, et de femmes avec un grand F qui lui diront non !

Assez d’hypocrisie, repartez chez vous si vous voulez, mais nous avons un autre choix. Soit nous « isolerons » les isoloirs, ce qui est une sanction par le mépris, au mépris de l’Etat, une réponse violente par les urnes vides au vide de votre bilan et à la violence de l’Etat que vous exercez sur tout le peuple algérien en général, les démocrates, et la Kabylie en particulier.

Le peuple algérien veut un vrai changement, un changement de régime, un changement radical, une vraie démocratie, un Etat de droit, une justice vraiment indépendante, des médias (TV ou presse) vraiment libres, une séparation nette entre l’Etat et la religion, l’arrêt du terrorisme sous toutes ses formes, qu’il soit d’Etat ou des fanatiques intégristes, l’arrêt de la dilapidation des richesses du pays, l’arrêt de la corruption généralisée, de la hogra, et la fin de l’ostracisme que subissent les Algériens intègres et honnêtes qui veulent servir la patrie comme il est de leur devoir.

Halte à ceux qui se servent de l’Algérie pour acquérir fortune, célébrité et puissance ! Soit nous voterons pour d’autres candidats qui ont toute latitude de s’allier, et former un bloc homogène et impressionnant devant lequel vous ne pourrez rien. Même les marabouts de vos zaouïas n’y pourront rien. Toutes vos promesses n’ont engagé que ceux qui y on cru. Les slogans creux, les beaux discours sur la nation, la démocratie et le patriotisme, ce n’était que du bla-bla.

Tous les tenants du régime, depuis 1962, n’ont fait que s’enrichir, se vautrer dans un luxe tapageur et ostentatoire. Ils, et vous en faites partie, passent leur temps à mettre au point des plans diaboliques, des complots sataniques tels que Machiavel à vos côtés passerait pour un enfant de chur. Mais tout cela doit cesser. L’Algérie sera démocratique ou ne le sera pas. L’Algérie sera enfin libre de la dictature et de la tyrannie, l’Algérie ne sera plus un Etat voyou.

Boycotteurs invétérés, abstentionnistes de tout bord, je-m’en-foutistes incurables, vous avez ma sympathie, je vous salue bien. Aidons ce pauvre Boutef à rentrer chez lui, il a perdu le sens de l’orientation. Montrons-lui où est l’Orient. Il voyage tellement qu’il mélange tout. Même sa boussole est détraquée.

Meziane Amara, Le Matin