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Présidentielle 2004 : Démarrage de la campagne éléctorale

La grande bagarre commence

jeudi 18 mars 2004, par Hassiba

C’est la première fois que le doute est au rendez-vous quant à l’issue de cette consultation, à cause du consensus brisé entre les faiseurs traditionnels de présidents. Lecture sans pronostic.

Top chrono ! La campagne électorale démarre, aujourd’hui, avec six compétiteurs sur les starting-blocks. Ils ont dix-huit jours pour convaincre les algériens qui auront à choisir celui qui présidera aux destinées du pays pour les cinq années à venir. Du moins en théorie, c’est-à-dire à supposer que les jeux ne sont pas faits à l’avance, comme cela a toujours été le cas. Mais force est de le souligner, et c’est un fait inédit, c’est la première fois que le doute est au rendez-vous quant à l’issue de cette consultation.

Car jusque-là, la présidentielle a tenu davantage de la farce dont les metteurs en scène ont eu à désigner les vainqueurs avant même le coup de starter. Cette fois-ci, au niveau des centres traditionnels faiseurs de présidents, manifestement, il n’y a pas le consensus. C’est un secret de Polichinelle qu’une partie de la hiérarchie militaire ne veut pas entendre parler d’un second mandat pour Bouteflika, au motif qu’il n’a pas respecté les termes du deal qui lui avait permis d’être porté à la tête du pays en 1999. Conséquence de cette brouille au sein du pouvoir, le système part à cette élection avec deux candidats : Ali Benflis et Abdelaziz Bouteflika. “Et si ces divergences qui font les “Une” de vos journaux n’étaient qu’une mise en scène destinée à abuser l’opinion et la classe politique ?”, nous disait, hier, un des candidats disqualifié par le conseil constitutionnel qui reste “persuadé qu’il n’y a pas de problème entre Bouteflika et l’armée”.

Ce doute, qui confère une touche d’originalité à l’élection du 8 avril prochain, est aussi source d’appréhensions chez des citoyens comme chez certains acteurs de la classe politique qui se disent “très inquiets” de voir les choses tourner au vinaigre. On se souvient que le général Lamari avait laissé entendre, dernièrement, que l’armée interviendrait dans le cas où la fraude serait avérée. Des propos qui font craindre le pire et réveillent les démons de la décennie rouge, dont on n’a d’ailleurs pas fini de solder les comptes. Ce qui s’est passé, hier, à Médéa en témoigne. Il est vrai que le président a instruit les agents de l’État pour rester “neutres” et que son chef du gouvernement s’est répandu en assurances, quant à la neutralité de l’administration, mais les candidats, à l’image d’Ali Benflis, qui nous a rendu, hier, visite à la rédaction du journal, sont convaincus que fraude il y aura.
Raison pour laquelle l’ancien chef de gouvernement appelle les citoyens à défendre leurs voix. L’abstention risque d’être aussi un des aspects majeurs qui caractériseront cette élection, même si les candidats font assaut d’exhortations pour convaincre les citoyens à se rendre massivement aux urnes. Un sondage, récemment lancé par l’institut Abassa, pointe en effet cette probabilité qui s’explique par la défiance des algériens à l’égard de la noria d’élections qu’ils ont eu à vivre ces dernières années, sans pourtant constater de changements dans leur vie quotidienne.

Enfin, cette élection aura lieu dans une Kabylie qui, loin de retrouver sa sérénité, vit une situation kafkaïenne où il n’est pas aisé d’identifier qui est pour qui et qui est pour quoi.

Et à toutes ces caractéristiques qui font que notre pays n’est pas encore en état de passer une épreuve comme la présidentielle sans appréhensions s’ajoute le massacre de Médéa, lequel est de nature à rajouter une couche de pessimisme au contexte général dans lequel va se dérouler cette campagne électorale. Croisons tout de même les doigts.

N.S., Liberté