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Présidentielles 2004 : Hamrouche, Mehri, Aït Ahmed ont vu juste

lundi 12 avril 2004, par Hassiba

Le temps a finalement donné raison à tous ceux qui n’avaient nourri la moindre illusion quant à l’issue de la dernière élection présidentielle en prévenant, bien des mois avant sa tenue, qu’elle sera l’exact remake des précédentes.

Le plébiscite d’Abdelaziz Bouteflika avec plus de 83% des suffrages a plus que jamais conforté leurs prédictions qui, il est vrai, ont été souvent accueillies avec une certaine condescendante désinvolture, tellement elles avaient franchement pris à contrepied la conviction ambiante de l’ouverture du jeu.

Le cas Hamrouche est peut-être le plus édifiant.
L’ancien chef de gouvernement de Chadli Bendjedid, un militaire de carrière, est connu pour être un homme très prudent. On le crédite d’une profonde connaissance du système politique algérien. Il n’a jamais caché d’être “un enfant du système” et comme quelqu’un ayant de très bons rapports avec la hiérarchie militaire. Après avoir cru un moment que la partie valait peut-être la peine d’être jouée - il a d’ailleurs rejoint le groupe “antifraude”, mis des comités de soutien à sa candidature, ouvert un site Internet - sans pour autant déclarer officiellement sa candidature, il a vite fait de changer d’avis en déclarant, lors d’un conférence de presse animée le 11 février à l’hôtel Essafir, ne pas vouloir être candidat au motif que les jeux sont fermés. Il avait soutenu alors que “(...) l’élection ne sera ni régulière, ni transparente, ni ouverte” car “les mécanismes de fraude sont déjà nettement apparents avant même le coup d’envoi officiel de la campagne électorale”. Il n’avait pas alors omis de forcer le trait en soutenant ouvertement qu’“en dépit des assurances avancées par Mohamed Lamari, quant à la neutralité de l’institution, force est de constater qu’elle a malheureusement fini par céder, sous la pression de groupes d’intérêts, au profit de Bouteflika”. “Quand on regarde les belles images de la télévision, il y a tout lieu de conclure à un plébiscite et non à une élection”, avait-il encore ajouté.

L’ex-secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri, un homme ayant longuement roulé sa bosse à l’intérieur même du système, n’avait pas, lui aussi, cru à l’ouverture de la dernière présidentielle estimant qu’elle “ne sera guère différente des précédentes”. Pour lui, “les retouches d’honnêteté et de crédibilité” apportées par le pouvoir, à ce scrutin, concernaient uniquement “le volet technique” mais pas “l’aspect politique”.

L’analyse du leader charismatique du Front des forces socialistes (FFS) n’est pas différente de celles de Hamrouche et Mehri. Dans une interview accordée, en décembre 2003, à El Watan et El Khabar, Hocine Aït Ahmed avait soutenu : “Loin de rompre le cercle vicieux du système”, la présidentielle “n’est que l’un des maillons relais qui pérennisent le statu quo ante”...
Pour lui, l’élection présidentielle est “une fausse sortie de la crise” et que la suppression du vote dans les casernes n’est rien d’autre que “de la poudre aux yeux”. Pour El-Hachemi Cherif, secrétaire général du Mouvement démocratique et social (MDS), le processus électoral est biaisé dès le départ puisque contrôlé de bout en bout par Bouteflika.

Si les analyses de ces hommes politiques sont d’une décoiffante justesse, du moins par rapport à l’élection du 8 avril, ils ont souvent “péché” par leur absence sur le terrain pour changer les choses. Suffit-il d’avoir raison pour influer, en bien comme en mal, sur le cours des événements ?

Arab Chih, Liberté