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Prolifération de décharges sauvages à Tizi Ouzou

dimanche 18 avril 2004, par Hassiba

Tizi Ouzou est en passe de devenir l’une des villes les plus sales du pays. Une cité “poubelle” où d’énormes amas d’immondices débordant parfois sur la voie publique disputent aux piétons le moindre espace.

Des décharges sauvages poussent un peu partout offrant à la capitale du Djurdjura une image hideuse. Sans grands moyens, le service de voirie de la commune arrive tant bien que mal à s’acquitter de sa tâche. 300 éboueurs équipés de 6 bennes tasseuses et autant de tracteurs vétustes s’échinent matin et soir à l’enlèvement et l’évacuation d’une trentaine de camions par jour. La quantité de déchets solides urbains générés quotidiennement par les 67 communes de la wilaya s’élève à environ 800 tonnes, selon M. Oubabès, responsable local de l’environnement.

Cette importante “récolte” partiellement collectée est acheminée dans des endroits et des sites non adéquats, sans contrôle et sans le moindre traitement préalable. Tout y est. Abandonnés anarchiquement, ces déchets domestiques causent des dégâts à l’environnement. Ils représentent des sources de pollution et de nuisance pour la nature, en raison de leur caractère toxique et encombrant.

Leur gestion archaïque est à l’origine de l’altération des ressources en eau et, par ricochet, le risque de provoquer des maladies à transmission hydrique. Pour freiner cette évolution dangereuse, le ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement a initié une loi spécifique relative à la gestion, au contrôle et à l’élimination des déchets. Ce texte législatif a été consolidé par un dispositif réglementaire et institutionnel qui s’est traduit notamment par l’introduction de la fiscalité écologique, la création de l’Agence nationale des déchets, ainsi que l’institution du système de recyclage et de valorisation des déchets. Mais sur le terrain, le constat demeure alarmant. Comment agir pour arriver à une gestion efficace des déchets urbains ?

Lors d’un séminaire qui s’est tenu récemment à Tizi Ouzou, les spécialistes de l’environnement ont préconisé des recettes à même de protéger la nature de ces agressions caractérisées. Il s’agit notamment de renforcer les capacités d’intervention des services communaux pour améliorer les conditions de collecte et d’évacuation des déchets ménagers. Le développement du tri sélectif des ordures et des activités de recyclage et de valorisation, la sensibilisation des usagers, sont également souhaitables. Favoriser l’émergence d’un marché national des déchets, encourager le développement de filières dans le domaine du tri, du recyclage, mettre en œuvre un programme national ambitieux pour la gestion intégrée des déchets municipaux (le Progdem), c’est là l’objectif du département de Cherif Rahmani, le ministre de l’Aménagement et de l’Environnement.

Cette action, qui se veut une démarche intégrée et graduelle de la gestion des ordures, vise prioritairement à éradiquer les pratiques actuelles de décharges sauvages et à organiser la collecte, le transport et l’élimination des résidus dans des conditions garantissant l’innocuité de l’environnement et la préservation de l’hygiène du milieu. Comment ? Les spécialistes proposent la mise en œuvre de schémas directeurs de gestion des déchets, l’aménagement et l’équipement de centres d’enfouissement techniques dans une première phase au niveau des grandes villes.

La wilaya de Tizi Ouzou a bénéficié dans le cadre de ce programme d’une opération portant sur la réalisation d’un centre d’enfouissement technique des déchets (CET) pour les villes de Tizi Ouzou, Draâ Ben Khedda et Tirmitine. Son coût est estimé à 301 millions de DA. “C’est un projet qui n’a rien à envier aux installations des pays européens. La récupération, le recyclage, la réutilisation, la valorisation des déchets plastiques, métalliques, organiques et autres, seront à la fois une opportunité, un investissement rentable créateurs de richesses et d’emplois... C’est aussi un geste qui améliorera le cadre de vie du citoyen et protégera l’environnement”, dira M. Oubabès. Il ajoutera : “Cette initiative générera un impact positif sur les plans économique, sanitaire et social avec, notamment, la facilité opérationnelle de la collecte et de la récupération des déchets, le recyclage de quantités importantes de produits et matériaux souvent importés en devises fortes (papier, carton, plastique...). En outre, elle permettra la création d’emplois, l’allégement des missions et des charges des collectivités locales au profit d’autres missions du service public.”

Aux dernières nouvelles, la réalisation de ce CET de déchets ménagers sur un terrain situé près des villages de Tirmitine s’est heurtée au refus des citoyens de cette localité. Résultat : l’entreprise qui a entamé les travaux de terrassement a été contrainte de plier bagage.
Le projet risque d’être jeté aux oubliettes faute d’un terrain de rechange.

A. Tahraoui, Liberté