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Provocations du Président en Kabylie

dimanche 21 mars 2004, par Hassiba

Ce qu’a révélé le candidat Saïd Sadi de Cherchell en accusant la police de M. Bouteflika d’être l’auteur de la casse contre ses sièges est, à n’en pas douter, le signe d’un pourrissement recherché par le clan présidentiel en Kabylie.

« Ce sont les commandos de Bouteflika qui sont derrière les attaques contre nos sièges. » C’est en effet la première fois que le candidat Saïd Sadi s’en prend d’une manière ouverte contre le clan présidentiel et qu’il disculpe les animateurs du mouvement citoyen de tels actes de vandalisme commis contre ses représentations régionales en Kabylie. Les barbouzes de Bouteflika sont donc dépêchés dans la région pour semer le trouble entre les candidats, d’une part, et les aârouch et les autres candidats, de l’autre.

Contactés hier, les animateurs du mouvement citoyen se disent inquiets de la tournure que prennent les événements en Kabylie et sont unanimes à accuser Bouteflika de transformer un rejet pacifique et politique de la présidentielle en un chaos dont profitera le Président-candidat. Dans le même temps, après l’échec du dialogue d’Ouyahia, Bouteflika n’a pas hésité, lors de son passage à l’émission « Baramidj », de considérer la revendication de tamazight langue officielle comme porteuse de division nationale en réitérant la proposition de son Premier ministre rejetée par les aârouch : le recours à la voie du référendum. Hier seulement, alors en visite à Tamanrasset, il a parlé d’une « langue ancestrale » sans aucune actualité politique.

Par ces différentes déclarations incendiaires, Bouteflika cherche certainement à instaurer le chaos dans la région au moment même où son directeur de campagne, il y a quelques jours, à Alger, a tenté de faire croire, lors d’une réunion avec des pseudo-zaouïas, qu’il avait le soutien du mouvement citoyen de Béjaïa. Des jeunes sans aucune filiation avaient été réunis pour une telle mascarade qui cherche à envenimer derechef la crise en Kabylie. Le délégué de la CADC, Rachid Allaouche, n’a pas écarté le danger de voir la Kabylie de nouveau s’embraser suite aux manuvres répétées du clan présidentiel : « Bouteflika cherche le chaos car c’est la seule manière qui lui reste pour un coup de force à la présidentielle. »

Après donc le fiasco du dialogue dès qu’il s’est agi de revendications politiques contenues dans la plate-forme d’El Kseur et les incursions maintes fois signalées de ses ministres dans la région, dont certains ont été refoulés, Bouteflika passe à une autre étape. Il mobilise la police de Zerhouni pour discréditer les aârouch et même le processus électoral. Celui qui déclarait « le processus électoral ne sera pas interrompu » se voit mis sur la touche devant les incessantes pertes de ses comités de soutien. Désemparé, il cherche maintenant à imploser le processus électoral pour miner le consensus actif autour de Benflis. Autre provocation.

Sa visite dans la région est annoncée par son comité de campagne, alors que la région multiplie les meetings antivote et principalement contre celui qui, depuis trois années, a rejeté dans le mépris toutes ses revendications

Rachid Mokhtari , Le matin

Mise au point Paru dans l’édition du Matin du 22 Mars 2004 :

Dans votre édition du 21 mars 2004 et dans un article signé Rachid Mokhtari intitulé : « Provocation du Président en Kabylie », l’auteur détourne les propos de Saïd Sadi qui a déclaré, à partir du siège du RCD à Dély Ibrahim, concernant l’arrachage des affiches : « Nous avons les preuves. Nous avons même réussi à identifier le véhicule utilisé à cet effet. »

L’auteur sait très bien que M. Saïd Sadi parlait d’Alger et de ses environs et non pas de la Kabylie.
S’agissant de cette dernière, nous connaissons la ligne éditoriale du Matin qui se résume à battre électoralement Bouteflika mais la Kabylie doit boycotter.
En d’autres termes, tout le monde doit voter à l’exception de la Kabylie.
Choix kafkaïen et schizophrénique qui nous fait s’interroger sur cette démarche. A quels calculs cela obéit-il ?

M. Mokhtari sait très bien que ses protégés des aârouch, à commencer par Abrika, ont partie liée avec Ouyahia-Zerhouni-Bouteflika puisque leur connivence est de barrer la route à Saïd Sadi.
Les preuves matérielles accréditent cette sournoise posture, à commencer par ce qui s’est passé lors du premier jour de la campagne électorale. En effet, des incidents ont été enregistrés contre les locaux du RCD, alors qu’Abou Djerra Soltani, représentant du candidat Bouteflika, a tenu normalement son meeting à Tizi Ouzou. Cela s’appelle « tout sauf Saïd Sadi ».
On est donc loin de la conclusion de M. Mokhtari « M. Sadi disculpe les animateurs du mouvement citoyen ».

En tout état de cause, M. Mokhtari doit savoir que la Kabylie ne se détournera pas du combat démocratique que des générations de militants ont construit durant des décennies et que ce n’est pas l’activisme populiste de quelques nervis qui l’en détournera.

Hamid Lounaouci, chargé de communication