Accueil > ALGERIE > Reddition massives au sein du GSPC : « Des rumeurs, rien que des rumeurs »

Reddition massives au sein du GSPC : « Des rumeurs, rien que des rumeurs »

dimanche 25 avril 2004, par Hassiba

Depuis une semaine, la presse nationale a fait état de la reddition de plusieurs dizaines, voire de centaines de terroristes du GSPC sans que les autorités démentent ou confirment officiellement l’information.

Pourtant, pour de nombreuses sources militaires, celle-ci ne serait qu’« une rumeur que les familles des terroristes ont fait propager un peu partout ». Il s’agit probablement, ont expliqué nos interlocuteurs, « de ballons d’essai pour tester la réaction des autorités après l’élection présidentielle ou pour tout simplement faire pression dans le but de rééditer le scénario de janvier 2000, avec la promulgation de la grâce-amnistiante ».

D’autres sources, par contre, n’écartent pas l’éventualité de la reddition de certains terroristes « isolés et acculés » par les forces de sécurité un peu partout, au nord du pays notamment, dans leurs propres fiefs, comme cela a été le cas récemment lors de l’offensive militaire contre le GSPC sur les monts Babors, à Jijel. « Ces rumeurs, propagées par les familles des terroristes, rappellent celles qui ont précédé l’annonce de la trêve par l’organisation terroriste dirigée par Madani Mezrag en 1997. A la différence, c’est qu’à l’époque il y a eu véritablement des tractations entre des officiers supérieurs de l’ANP et des hauts responsables et les terroristes. Il est important de signaler que pour l’instant aucun contact entre les services de sécurité et le GSPC n’a eu lieu, exception faite pour les contacts entrepris d’une façon unilatérale par leurs proches et familles ».

Il est important de signaler, ont expliqué nos sources, que le GSPC, en tant qu’organisation terroriste, a de tout temps rejeté « tout dialogue et toute trêve avec les taghout (apostats) ». Cette position n’a pas cessé d’être exprimée par ses différents chefs à travers l’ensemble de leurs communiqués, dont le plus récent date du week-end dernier. Signé par le chef de la zone 6, un certain Habbi, terroriste notoire qui a remplacé Nabil Sahraoui, après que celui-ci s’est autoproclamé chef suprême du GSPC, ce document a été placardé sur les murs de plusieurs quartiers d’Erraguene, commune située au sud des monts Babors, wilaya de Jijel. Nos sources ont estimé par ailleurs que cette organisation terroriste « n’a jamais eu l’intention de se rendre aux forces de sécurité dans la mesure où sa direction est composée notamment d’ex-militaires qui savent pertinemment que leur statut de déserteurs des rangs de l’ANP ne peut leur garantir le bénéfice de mesures de clémence. Ce sont des desperados qui ne reculent devant rien et continueront à tuer tant qu’ils seront vivants et en possession de leurs armes ». Pour preuve, a-t-on expliqué, les attentats terroristes n’ont « jamais cessé » et la liste des membres des forces de sécurité tués par ces hordes intégristes ne fait que s’allonger. « Nous enregistrons une moyenne de 3 à 4 victimes par semaine avec des pics pouvant atteindre 6 morts. Ce qui prouve que l’activité terroriste, même si elle a régressé, continue à coûter cher en vies humaines. »

Nos sources ont reconnu que les redditions « individuelles » de terroristes se poursuivent dans de nombreuses régions du pays. « Des petits groupes de 3 à 4, peut-être même de 6 à 8 éléments, se rendent par intermittence aux forces de l’ordre, et ce, depuis 2000. Mais cela n’a rien à voir avec ces redditions massives dont on parle ces jours-ci. Il s’agit de terroristes qui ont pris volontairement la décision de mettre fin à leurs activités criminelles sans aucun engagement de la part des autorités, du moins pour celles chargées de les accueillir. Certains ont été déférés à la justice, d’autres sont toujours sous le contrôle des services de sécurité dans le but de mettre à profit leur connaissance du terrain et de la composante des groupes terroristes dans des opérations militaires. »

A la lumière de ces informations, il est important de s’interroger sur les véritables objectifs recherchés à travers la distillation de rumeurs faisant état de redditions massives de terroristes du GSPC.

Par Salima Tlemçani, El Watan