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Sadi : « Bouteflika est passible d’une condamnation »

lundi 24 mai 2004, par nassim

Le patron du RCD, Saïd Sadi, rend public un document sur « la typologie de la fraude électorale » lors de la présidentielle remportée par Bouteflika.

Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) dévoile les procédés du clan présidentiel « pour détourner la volonté populaire » lors de l’élection présidentielle du 8 avril dernier. Il aura fallu un mois et demi d’investigations pour que cette formation politique apporte les preuves de ce qui est appelé « un avortement démocratique ».

C’est Saïd Sadi, président du RCD, qui s’est chargé, hier, d’exposer devant la presse les multiples irrégularités qui ont entaché le dernier scrutin présidentiel. Des irrégularités mentionnées dans un fascicule intitulé « Election présidentielle du 8 avril 2004, la fraude et sa typologie » que le conférencier a remis aux représentants de la presse nationale. Ce document, promet-il, « bénéficiera d’une très large diffusion qui touchera l’ensemble des partenaires de l’Algérie sur la scène internationale ». L’objectif de la démarche : « Eclairer l’opinion nationale et internationale sur la nature de la fraude électorale, ses mécanismes, ses implications, mais surtout démontrer que quelle que soit la conjoncture, l’opposition, quand elle est portée par des convictions, continue et approfondit son combat avec d’autant plus de détermination que la situation est difficile », note M. Sadi dans sa déclaration liminaire. Dans ce document, le RCD fait état de plusieurs « paramètres en amont qui ont permis à un homme (Bouteflika) et à son clan de s’imposer à la nation en violant la Constitution et les lois et en abusant des moyens publics ». Il s’agit, entre autres, fait-on remarquer, de « l’épuisement de la société civile, crise morale, désintégration institutionnelle, dilution de la culture de l’Etat dans la haute administration et rôle ambigu de l’armée dans le champ politique ».

Un Etat de fait, en plus de « la prédisposition opportuniste d’organisations sociales et d’institutions à accompagner le pire », qui ont rendu le mécanisme de contrôle et de recours inopérants. L’on relève à ce propos « les pressions violentes exercées sur les représentants des partis pour quitter les centres de vote ». Après avoir fait état « du monopole des médias lourds, du financement d’une campagne avant terme par le Trésor public », le conférencier passe directement à l’accusation en affirmant que « Bouteflika est passible d’une condamnation eu égard aux estimations des dépenses du Président-candidat qui sont en violations flagrante avec la loi ». M. Sadi, atteste que « M. Bouteflika qui a déboursé une somme minimale de 942 millions de dinars, a transgressé l’article 187 de la loi relative au régime électoral qui prévoit un plafond de 15 millions de dinars pour chaque candidat ». Une somme comptabilisée uniquement pour la campagne publicitaire et les déplacements du candidat. Un fait qui doit faire réagir le Conseil constitutionnel. « Une institution aura à se pencher sur la provenance de ces fonds sachant que le candidat s’est déclaré indépendant et que les comptes du parti, dont il se réclame politiquement et qui ne l’a pas désigné, étaient bloqués par la justice et que sa déclaration de patrimoine, publiée dans les colonnes d’El Moudjahid, n’autorise pas de telles largesses. » Cela dit, indique le conférencier, « la fraude qui a marqué le scrutin présidentiel va coûter très cher à l’économie du pays puisque ses bénéficiaires doivent acheter une légitimité ailleurs ».

Saisissant cette occasion, M. Sadi a appelé à la mobilisation des forces démocratiques et à donner un prolongement stratégique à cette demande de changement politique exprimée lors de la précédente élection présidentielle. Il promet de faire de la prochaine université d’été et du congrès du parti qui se tiendra le 1er trimestre 2005 prochain des escales importantes.

Nadir Benseba, Le Matin