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Six terroristes tunisiens arrêtés à Annaba

dimanche 17 avril 2005, par nassim

Un groupe terroriste composé de 6 Tunisiens a été arrêté à Annaba, ce vendredi, après une opération antiterroriste menée par les services de sécurité. Ces 6 Tunisiens devaient rejoindre les maquis du GSPC.

Le coup de filet opéré, ce week-end, dans la ville de Annaba a été monté suite à des informations recueillies auprès d’un citoyen du quartier de Boukhadra. Ce dernier a eu un litige avec un de ses voisins et est parti déposer une plainte auprès de la police. Il dénonça alors l’enrichissement subit de ce militant islamiste connu qui avait ouvert en l’espace de quelques mois des locaux commerciaux, acquis deux voitures de luxe et acheté un appartement alors que le quartier de Boukhadra est connu pour la misère de ses bidonvilles.

Les enquêteurs, intrigués par le personnage, décident de l’appréhender et de l’écouter. Après quelques heures, il admet faire partie d’un réseau de soutien logistique du GSPC, sous les ordres de l’ »émir » Droudkel, alias Abdelouadoud, et indique la planque qu’il avait louée pour des terroristes venus de l’étranger. Une opération antiterroriste a été ainsi montée dans la nuit de jeudi à vendredi dans le quartier de Saint Cloud, au centre-ville d’Annaba, où se trouve la villa des Tunisiens. L’opération a été réalisée avec succès puisque la villa a été investie sans que les 6 terroristes tunisiens ne fussent en capacité de réagir. Selon des sources sécuritaires, les 6 Tunisiens appartenant à un mouvement extrémiste tunisien, sont âgés de 24 à 28 ans, et ont seulement indiqués être venus en Algérie suite à des contacts avec le « commandement » du GSPC et qu’ils attendaient un contact pour les diriger vers le maquis. Selon les premières constatations de l’enquête les six terroristes tunisiens ne sont pas fichés en Tunisie comme des éléments actifs. On ne connaît pas leur parcours, ni leur lien avec des organisations terroristes internationales. Ce qui est acquis, c’est le fait qu’ils soient arrivés en Algérie à travers les frontières et avec de véritables passeports.

Ce n’est pas la première fois que des éléments des mouvements terroristes tunisiens se font arrêtés en Algérie. Le cas le plus connu est celui du terroriste, Zaid Bachir, qui a été arrêté dans un réseau GSPC à l’Est et expulsé en 2001 vers Tunis où il a été jugé. Il aurait fait partie du Front islamique tunisien (FIT), fondé en 1994 et se revendiquant comme mouvement salafiste selon sa publication à Londres, « Ar-Radja ». La présence de ses six Tunisiens à Annaba a de quoi inquiéter les services de sécurité algériens surtout qu’ils semblent être venus sans encombres de Tunisie et ne semblent pas être connus de la police tunisienne pourtant si prompte, selon sa réputation, à museler les mouvements islamistes notamment les plus radicaux. Les six terroristes tunisiens devaient rejoindre le GSPC qui est en pleine déliquescence, notamment, dans les maquis de l’Est depuis l’arrestation de Abderezak « Al-Para » et son extradition qui a fait imploser l’organisation des maquis des zones de l’est algérien. Les observateurs mettent en exergue le fait que le tarissement du recrutement local a probablement incité le GSPC à s’adresser aux voisins salafistes tunisiens.

L’idée de l’amnistie générale qui divise les rangs du GSPC, la lettre de l’ancien « émir » GSPC, Hassan Hattab et le grand vide à la tête du GSPC après l’élimination des fortes têtes salafistes par l’ANP à Béjaïa, ont induit cette orientation vers l’extérieur. Une option favorisée par le fait que la nouvelle direction du GSPC a ouvertement prêtée allégeance à Al-Qaida qui avait expédié un émissaire formateur, Abou Abdelwahab, un Yéménite qui avait été abattu à Khenchela, en 2003, après avoir séjourné quelques mois dans les maquis de l’Est précisément. On s’interroge également sur la porosité des frontières réputées assez hermétiques surtout en ce qui concerne la transhumance des groupes terroristes. Certes, la dernière embuscade du GSPC a été organisée à l’Est, le long des frontières, dans la région de Biskra mais a été l’oeuvre du groupe de Mokhtar Belmokhtar venant du Sud.

A rappeler qu’au milieu des années 95, c’est le GIA qui a eu recours à des terroristes étrangers, notamment un groupe de 9 Libyens recrutés par Abou Khalil qui ont été abattus lorsqu’ils ont tenté de rejoindre les maquis du GIA à l’Est.

Par Mounir B., quotidien-oran.com