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Télé-Bouteflika fait campagne en Algérie

lundi 23 février 2004, par nassim

La mise en scène était bien rodée. Des centaines d’invités ont applaudi Abdelaziz Bouteflika alors qu’il annonçait, hier, dans un grand hôtel d’Alger, ce que tout le monde sait au vu de la campagne électorale permanente qu’il mène depuis plus de sept mois : sa candidature à un second mandat lors de la présidentielle du 8 avril. « Je me sens dans l’obligation de répondre à l’appel d’un très grand nombre d’Algériens de toutes les régions du pays », a affirmé celui qui, en 1999, avait été porté au pouvoir par l’armée.

Démagogie. Cinq ans plus tard, alors que le torchon brûle avec une bonne partie des « décideurs » militaires, populisme et démagogie sont visiblement les meilleurs arguments de campagne du Président candidat. Sillonnant le pays, ce dernier distribue des sommes pharamineuses aux municipalités et aux régions et fait des promesses tous azimuts.

A charge pour la télévision nationale de relayer ces visites « triomphales » dans le pays et de montrer l’enthousiasme du peuple. A longueur d’antenne, elle diffuse les pétitions d’innombrables comités de soutien et les scènes de femmes en transes suppliant Bouteflika d’accepter de se représenter. « On a fait un bond de trente ans en arrière, remarque un journaliste. On est revenu au bon vieux temps du parti unique et des foules en liesse amenées par cars. »

Pendant ce temps, le même média ignore royalement les autres candidats, ou les présente à la portion congrue. Baptisée « l’Unique » par la dérision des Algériens, la télévision n’a ainsi consacré que quelques secondes à l’annonce de la candidature d’Ali Benflis, son principal rival et « patron » du FLN, l’ex-parti unique. En supprimant soigneusement toutes les acclamations, les youyous et autres manifestations d’enthousiasme.

Retraits. Cette mainmise du « clan présidentiel » ­ qui contrôle une bonne partie de l’administration, à commencer par le ministère de l’Intérieur, décisif dans un scrutin ­ a provoqué le retrait de plusieurs candidats, qui ont dénoncé par avance une élection tronquée et une fraude massive. « On est à peu près revenu aux conditions dans lesquelles Bouteflika a été élu après que les militaires l’ont imposé, en 1999 », constate un opposant. A l’époque, Bouteflika avait été élu en candidat unique après le retrait de tous ses adversaires à la veille du scrutin.

On n’en est pas encore là. Hier, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Ahmed Taleb Ibrahimi, proche des islamistes et des conservateurs, annonçait sa candidature, affirmant vouloir édifier « un Etat social-démocrate conformément aux valeurs islamiques ». On connaîtra le 6 mars la liste définitive des candidats.

source : Liberation.fr