Accueil > ALGERIE > Un arsenal de guerre du GIA récupéré

Un arsenal de guerre du GIA récupéré

samedi 30 avril 2005, par nassim

Trois mois après la neutralisation de l’émir du GIA, les services de sécurité ont réussi à récupérer l’arsenal militaire de l’organisation terroriste et arrêter les auteurs du faux barrage de Tablat.

Les trois semaines de traque contre le groupe terroriste qui a commis le massacre de quatorze personnes le 7 avril dernier sur la route reliant Larbaâ à Tablat, a débouché sur l’arrestation des auteurs et la récupération d’un véritable arsenal de guerre du GIA enfoui dans des caches secrètes depuis au moins dix années. Selon le communiqué du ministère de l’Intérieur, les recherches entamées suite au massacre ont permis d’identifier, localiser et arrêter deux terroristes armés, le 17 avril 2005.

Les deux terroristes étaient en possession de 2 pistolets automatiques (PA), d’une grenade et d’un pain de TNT. D’abord, Oukil Boulenouar dit Yacine, 28 ans, originaire de Lakhdaria. Considéré comme le cerveau du massacre de Tablat, il résidait au douar Beni Maaned, Kadiria (Bouira). Oukil a rejoint le GIA au courant de l’année 1995 et a été arrêté en possession d’une pièce d’identité falsifiée. Lors de son interrogatoire, il a reconnu être le chef du groupe des criminels qui ont commis le massacre le 7 avril 2005. Son palmarès macabre ne s’arrête pas à Tablat puisqu’il a avoué avoir participé à « l’exécution de plusieurs assassinats dont celui perpétré le 22 octobre 2004 au lieu-dit M’senou commune d’El-Hamdani (Médéa), au cours duquel seize citoyens ont été assassinés », indique le communiqué du département de Yazid Zerhouni.

Oukil a été arrêté en compagnie d’un autre terroriste, en l’occurrence Chama Mohamed dit El-Kaaka, 42 ans, originaire de Chebli (Blida) et ayant demeuré à Haï Louz, commune de Bougara. Il a rejoint le GIA au courant du mois de mars 1996. El-Kaaka a reconnu activer dans la région de Tamesguida (Médéa), au sein d’un groupe criminel affilié au GIA, dans une région qui a été durant longtemps le fief du groupe islamique armé notamment « Katiba Al Khadra ». Lui aussi a du sang sur les mains puisqu’il a participé au massacre collectif perpétré en 1997 à Larbaâ, au cours duquel 82 citoyens ont été assassinés.

Le groupe auteur de la boucherie de Tablat a été identifié et comprend 5 éléments dangereux, recherchés depuis de longues années.

Il s’agit, selon le communiqué, d’Oukil Boulenouar dit Yacine, chef du groupe, Belkheir Youcef dit Abou Otba, Allag Yakhlef dit Abou Imara, Aber Ali dit Youcef et Oumriche Abdelkader dit Abou Dahdah.

Mais cette opération de ratissage et de traque du groupe ayant commis le massacre de Tablat où les victimes ont été brûlées dans leurs véhicules, a surtout permis de retracer les anciennes caches d’armes du GIA et découvrir un arsenal de guerre impressionnant.

En effet, on estime de sources informées que les armes et explosifs découverts ont été enfouis durant des années par l’ancien émir du GIA, Djamel Zitouni. Il s’agit de stocks d’armes volées aux services de sécurité lors d’embuscades mais surtout provenant de réseaux logistiques du GIA à l’étranger entre 1994 et 1997. On estime à plusieurs caches secrètes jamais éventées puisque les émirs successifs du GIA entre Djamel Zitouni et Antar Zouabri chargeaient des éléments fiables pour enterrer ces armes et garder secret leur localisation.

C’est dans les refuges dans les montagnes des régions de Chréa, de Hammam Melouane et de Tamesguida que les services de sécurité ont déterré ces stocks. Le communiqué cite 1 mitrailleuse lourde de calibre 12,7 mm, 4 fusils-mitrailleurs, 2 lance-roquettes RPG7, 28 PMAK (Kalachnikov), 2 pistolets-mitrailleurs de marque Scorpio, 2 Seminov (FSA), 1 pistolet-mitrailleur de marque HK-G3, 1 pistolet-mitrailleur de marque Thomson, 60 fusils de chasse dont 10 à canon scié, 8 pistolets automatiques et 7 kg de TNT. Des armes découvertes avec leurs munitions, soit 733 cartouches pour mitrailleuse lourde de calibre 12,7 mm, 56 obus de mortier de calibre 82 mm, 22 roquettes pour lance-roquettes (RPG7), 2 caisses de munitions pour fusil-mitrailleur, 2 caisses de munitions de Kalachnikov, plus de 2000 balles de calibres 7,62 x 13 et 32 rouleaux de cordons détonateurs. Pour compléter cet arsenal, des accessoires ont été récupérés dont des chaînes et des chargeurs de fusil-mitrailleur, des chargeurs de Kalachnikov, des lames de Seminov et un appareil de pointage de mortier.

Le communiqué précise que « manifestement cet armement n’a pas servi depuis plusieurs années, probablement faute d’hommes », pointant du doigt le tarissement du recrutement du GIA et le sous-effectif au sein de ce groupe carrément décimé depuis la neutralisation en janvier dernier de Boudiafi Noureddine alias « Noureddine RPG » dit « Hakim » et de son successeur, l’émir Guechniti Redouane alias « Chouaib ».

Les opération de fouille et les repères investis ont permis de découvrir le butin de guerre du GIA, souvent des biens récupérés après les massacres de citoyens dans des hameaux et villages isolés. Des objets précieux, des équipements informatiques, audio et de communication, et des effets vestimentaires ont été récupérés. La liste indique la récupération de 402 louis d’or, 3 lingots d’or de un kilogramme, 3 sacs d’or pesant 2,6 kilogrammes, 3 paires de boucles d’oreilles, 4 médaillons en or et 1 million de dinars algériens.

Parmi les matériels informatiques, audio et de communication récupérés figurent 1 micro-ordinateur, 1 poste radio de marque Motorola, 1 groupe électrogène de marque Honda (détruit sur les lieux à titre préventif) ainsi que des effets vestimentaires, soit 5 vestes de tenues militaires de combat, 3 pantalons de tenues militaires de combat, 7 casquettes de tenues militaires de combat et 2 ceintures US qui servent habituellement aux éléments du GIA de déguisement lorsqu’ils commettent des attentats ou dressent des faux barrages.

Ce succès antiterroriste laisse préfigurer une accélération des démantèlements des réseaux du GIA et du GSPC depuis quelques mois.

Le fait que le GIA n’a pas pu utiliser cet arsenal pour perpétrer des attentats laisse à penser que l’organisation a complètement été démantelée et qu’elle manque cruellement de terroristes valides.

Par Mounir B., elwatan.com